Fidèle aux préceptes de la société tahitienne, Orou a offert ses filles à son invité. Celui-ci, pris entre son désir de satisfaire un hôte si complaisant et les exigences de son sacerdoce, ne s'est laissé que très difficilement convaincre. Orou s'en étonne et demande quelques explications. Lorsqu'il est mis au fait des règles de fidélité très strictes qu'impose le mariage en Europe, il en montre à l'aumônier toute l'ineptie: pour lui, "Ces préceptes singuliers [sont] opposés à la nature, contraires à la raison" (p. 57), puisque la nature n'est que changement et inconstance et que l'on ne peut disposer d'un être "sentant, pensant et libre" (p. 58) (...)
[...] Lorsqu'elle a pu s'acquitter de cette amende, elle en a privé d'autant l'éducation de ses enfants. II) L'importance du langage Si Polly est absoute par le tribunal qui l'écoute, n'est-ce pas non plus parce qu'elle sait parler contre les lois insensées» (p.96) ? Or parler contre les lois insensées c'est l'ultime enseignement que délivre le conte de Diderot, par l'intermédiaire de lorsque A lui demande à la fin du Supplément: Reviendrons-nous à la nature ? Nous soumettrons-nous aux lois ? [...]
[...] C'est même abusé d'une promesse de mariage fallacieuse qu'elle s'est laissé séduire. L'iniquité de la loi éclate lorsqu'elle donne la fonction de son séducteur, qui intervient ainsi comme une preuve dans sa défense. Polly reste cependant habile à ménager son auditoire: elle témoigne de son respect des lois quand elles sont justes et crédite le tribunal qui l'écoute de la meilleure bonne volonté. Ses nombreuses interrogations oratoires viennent toujours à point nommé pour susciter l'assentiment de ses juges sans qu'ils se sentent provoqués. [...]
[...] A interrompt alors la lecture de B : il veut que B lui rappelle aventure (p.67) de Polly Baker, jeune femme condamnée par le tribunal pour ne [devoir son] titre de mère qu'au libertinage (ibid.). Polly Baker victime de l'arbitraire des lois que stigmatisait Orou = elle a contribué à l'enrichissement de la nation en lui donnant cinq nouveaux citoyens et s'en trouve pourtant condamnée. Si finalement sa plaidoirie est reçue favorablement par les juges qui lui retirent son amende, si le récit se termine en conte de fées, puisque le séducteur regrette son lâche abandon et épouse Polly, c'est sans doute parce que l'histoire se passe en Nouvelle-Angleterre, et que, même si les institutions sociales ressemblent à celles de la vieille Europe, un perfectionnement en ce nouveau pays, qui manque d'habitants (p. [...]
[...] Toujours est-il que A semble d'abord un peu sceptique, craignant qu'un conte aussi édifiant ne soit le fruit de l'imagination de son compagnon pressé d'accréditer les idées d'Orou en donnant un autre exemple des transformations bénéfiques que l'on pourrait apporter à la société et à ses lois si l'on acceptait d'en revoir l'arbitraire. Une remise en cause ? Pour le lecteur, le dialogue entre A et B qui suit cet apologue ne peut manquer de teinter l'ensemble d'ironie. En effet, il y est question des soupçons qui portent sur l'authenticité de Histoire du Commerce des deux Indes dont l'auteur, l'abbé Raynal, se serait fait aider par des mains étrangères (p. 69) . [...]
[...] PLAN DETAILLE Importance et signification de l'histoire de Polly Baker dans le Supplément au Voyage de Bougainville. Illustration de l'arbitraire des lois et de l'injustice Illustration des thèses d'Orou Fidèle aux préceptes de la société tahitienne, Orou a offert ses filles à son invité. Celui-ci, pris entre son désir de satisfaire un hôte si complaisant et les exigences de son sacerdoce, ne s'est laissé que très difficilement convaincre. Orou s'en étonne et demande quelques explications. Lorsqu'il est mis au fait des règles de fidélité très strictes qu'impose le mariage en Europe, il en montre à l'aumônier toute l'ineptie: pour lui, Ces préceptes singuliers [sont] opposés à la nature, contraires à la raison (p. [...]
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