Monsieur le Maire,
J'habite la ville de *** dont vous êtes le maire depuis dix ans et tiens à vous faire part d'une scène que je n'aurais pas imaginée dans notre localité agréable et fleurie, qui ne s'est jamais fait remarquer par la détresse sociale. Je vous écris en simple citoyen, qui n'a pas fait d'engagement ni l'intention d'attaquer votre politique. Je souhaite simplement porter à votre connaissance une cruelle injustice (...)
[...] Et bien entendu, jamais la police n'a entendu parler d'eux avant cette expulsion. Je concède que la commune ne peut accepter que les loyers restant impayés, que chacun doit prendre ses responsabilités et ne peut vivre aux dépens de la collectivité. Je vous demande seulement de recevoir le père et la mère qui viennent d'être expulsés, de leur expliquer leurs obligations et d'étudier avec eux une solution. Vous ne tomberez pas sur des gens inconscients ou malhonnêtes, j'en suis sûr. [...]
[...] Je n'entendis pas tout de suite les klaxons des voitures derrière moi. J'avançai et décidai de stationner un peu plus loin et d'aller voir ce qui se passait. Je m'approchai des habitants rassemblés et aperçus de nouveau les deux petits toujours seuls. Que pouvait-il se passer ? Impossible de parler à des adultes, tous africains, apparemment bouleversés, qui parlementaient en faisant de grands gestes avec des agents s'efforçant de rester calmes et quelques employés en civil. La seule chose qui me tourmentait, c'était de voir la détresse des deux enfants, accablés par une situation qui les dépassait. [...]
[...] Un agent de police vint parler au père qui paraissait consterné, les bras ballants. Tout le groupe s'était calmé mais semblait traversé d'une même tristesse. J'abordai deux hommes qui devaient être leurs amis ou leurs voisins. Ils m'expliquèrent que toute la famille, qui comptait sept enfants, allait être expulsée de son logement en raison de loyers impayés depuis un an. Le père qui travaillait avait cru possible de pouvoir à la fois élever ses enfants et aider de vieux parents restés au Mali. [...]
[...] Sujet d'invention Vous avez été témoin, dans votre propre commune, d'une scène proche de celle que décrit Rimbaud dans Les Effarés Vous la racontez dans une lettre à un élu local pour lui faire part de vos émotions et l'inciter à agir. Monsieur le Maire, J'habite la ville de dont vous êtes le maire depuis dix ans et tiens à vous faire part d'une scène que je n'aurais pas imaginée dans notre localité agréable et fleurie, qui ne s'est jamais fait remarquer par la détresse sociale. [...]
[...] Que va devenir cette famille malienne ? Ou loge-t-elle au moment ou je vous écris ? Deux hypothèses, inacceptables, honteuses : soit un hôtel meublé près de la gare des marchandises, qui survit en accueillant des immigrés sans repères, soit une maison abandonnée, s'il s'en trouve une. Je vous précise qu'il s'agit d'une famille en situation régulière dans notre pays, son chef n'a jamais cessé de travailler depuis qu'il est arrivé en France, la mère s'occupe parfaitement de ses enfants, les aînés suivent des études sérieuses au collège voisin. [...]
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