Messieurs,
Qu'il me soit permis de déranger l'ordre du jour de notre assemblée en livrant à votre réflexion et à votre sagacité ce qu'il m'a été donné de voir il y a peu de temps. Vous voudrez bien me pardonner l'émotion vive, mêlée de tristesse et de colère, avec laquelle je m'adresse à vous ce soir.
Vous n'ignorez pas, Messieurs, que notre capitale offre en bien des endroits le spectacle de la misère (...)
[...] Je vous demande encore du temps et de l'attention pour vous conseiller un autre remède qui peut-être préviendra de prochaines barricades dans nos rues. En finir avec la misère, c'est bien sûr un idéal qui m'est cher, c'est un horizon lumineux qui ne se dérobe pas à mes yeux . Je sais aussi qu'il est lointain, que le chemin est bien long, qu'une vie d'homme ne suffira pas à voir l'épouvantable Détresse terrassée. Mais ce qui est possible dès demain, possible à tout un chacun, c'est de regarder, de tourner la tête vers ceux qui sont à terre. [...]
[...] C'est bien la leçon que je tire de la scène dont je vous parle. Je ne ferai pas le procès de la duchesse de elle n'est qu'un exemple. Nous nous habituons au voisinage de la pauvreté, gueux et mendiants se fondent dans notre décor. Et si nous les regardions, de quels tourments, peut-être, notre conscience serait-elle assaillie ! Alors, nous choisissons sans l'avouer l'indifférence. Nous allons jusqu'à invoquer la fatalité : C'est ainsi, il y a bien de la misère, dit-on en feignant de s'en affliger, mais qu'y pouvons-nous ? [...]
[...] Je vous le dis, Messieurs, je vois dans le regard du misérable des lendemains de haine, de colère et d'insurrection. Comment attirer l'attention de ces aveugles volontaires ? Comment leur faire entendre qu'on n'a plus de travail, de logis, de pain pour ses enfants ? Et comment souffrir si longtemps une indifférence qui n'est que mépris, supporter une interminable humiliation s'ajouttant à la dureté des jours de disette ? Le pauvre, libre ou entre deux gendarmes, ne trouve pas de réponse à ces questions. Une voix monte en lui et lui crie : Révolte ! Révolte ! [...]
[...] Sujet d'invention : A son arrivée à la Chambre des Pairs, le narrateur, sous le coup de l'émotion, prend la parole à la tribune pour faire part de son indignation et plaider pour plus de justice sociale. Vous rédigerez ce discours. Messieurs, Qu'il me soit permis de déranger l'ordre du jour de notre assemblée en livrant à votre réflexion et à votre sagacité ce qu'il m'a été donné de voir il y a peu de temps. Vous voudrez bien me pardonner l'émotion vive, mêlée de tristesse et de colère, avec laquelle je m'adresse à vous ce soir. [...]
[...] Mais nous qui sommes élus, nous qui ne sommes dépourvus ni d'humanité ni de raison, détentons encore le pouvoir d'éviter la catastrophe. C'est pourquoi je vous demande solennellement que nous réfléchissions ensemble et dès maintenant à tout ce qui pourra d'abord apaiser la condition des plus pauvres, et je veux parler des ouvriers de nos villes avec leurs familles. Et pour entamer notre réflexion, je propose d'instaurer par la loi un salaire minimum horaire dans la métallurgie et dans les mines, d'interdire fermement le travail des enfants de moins de treize ans, je préconise l'instauration rapide de caisses de prévoyance pour protéger nos ouvriers du chômage et de la maladie. [...]
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