Exposé sous forme de commentaire composé d'un passage important dans le livre de Günter Grass, Le tambour. Etude du passage où Oscar raconte le suicide de Greff, mort qui va particulièrement le marquer.
[...] Grass joue délibérément avec le topos du théatrum mundi (le monde est un théâtre) et confronte son lecteur à une succession du triomphe de la mort où le comique est l'ultime rempart à l'abjection. De plus, Oscar joue le rôle du metteur en scène pour le lecteur auquel il fait donc partager sa condition de spectateur. Et le spectacle commence dès que Lina Greff pousse son cri, annonçant le drame. La mise en scène d'Oscar commence par la constant passage du je à Oscar et d'Oscar au je qui permet de varier la narration et donne l'impression d'un changement de plan et d'une bivalence du personnage. [...]
[...] Greff poétise les légumes, les balances, Greff poétise même sa femme vulgaire, autant en carence d'hygiène que de raffinement mais à laquelle il trouve toujours des qualités, Greff poétise en le cachant sous des roses son vice, le malsain qui l'habite et l'attire vers de jeunes garçons en soif de scoutisme, enfin, Greff poétise l'horreur de la mort, en la noyant de cette mise en scène grotesque. Cette poétisation constante peut nous évoquer l'horreur du nazisme caché sous de beaux discours séducteurs. Comme dit Oscar Tout est exagéré chez Greff même sa mort. [...]
[...] Une double mise en scène La mise en scène élaborée du suicide de Greff impressionne fortement Oscar. Mais en nous penchant sur le texte, nous pouvons constater qu'il y a non une mais deux mises en scènes : celle de Greff et celle d'Oscar, dans sa façon de décrire la scène. La mise en scène de Greff : un décor grotesque et une tenue symbolique Le personnage de Greff se démarque de par sa singularité. C'est un marchand de légume extraordinaire qui aime faire de longs discours à ses clients et dans la bouche duquel les objets les plus banals se poétisent, à l'image de son tablier de travail qui devient tablier vert de jardinier du bon Dieu ou de ces balances qu'il rend musicales. [...]
[...] Apprécié oui, mais pas par tous : Oscar nous dit Moi Greff ne pouvait ni m'enthousiasmer ni m'éduquer. Du reste, Oscar n'était pas son genre Greff va cependant perdre de sa superbe après la mort de celui que l'on pourrait qualifier de son favori le jeune scout Horst Donath, disparition qui va le faire vieillir prématurément et l'amener à négliger sa tenue et à verser totalement dans le bricolage. Après avoir pris connaissance du portrait de Greff, nous ne pouvons être surpris de la formidable mise en scène de sa propre mort, comment aurait-il pu en être autrement ? [...]
[...] En effet, comment toucher plus Oscar que par la musique ? Nous nous souvenons par exemple de la scène d'osmose entre lui et Klepp quand ils jouent ensemble. De plus, en lui offrant ce spectacle musical, Greff lui offre aussi la possibilité de se souvenir à jamais de ce moment, en faisant de cette expérience un morceau parfaitement achevé pour tambour Oscar peut donc jouer pour se souvenir par sa capacité à extraire son art de la vie quotidienne mais aussi du macabre. [...]
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