Les deux poèmes baignent dans l'obscurité : le champ lexical de la noirceur revient tout au long du texte de Baudelaire : bestiaire noir de la « chauve-souris », de l'« araignée », obscurité du « cachot » (v.5) ou encore l'oxymore « jour noir » où se lit déjà, comme annoncé la victoire du spleen, son emprise sur le monde au point de contaminer la lumière (...)
[...] Baudelaire le premier a fait entrer la modernité en poésie. Mais ce qui fait son style, avant tout, c'est le déploiement luxuriant des images. Pour rendre compte du spleen, sa poésie cultive des images puissantes, se nourrit d'oxymores jour noir ; il personnifie les abstractions par l'allégorie (Espérance), il cherche la représentation visuelle la plus frappante (chauve souris). On glisse d'une image à l'autre pour aller du sens à l'essence, parvenir à saisir ce qui gît sous la banale réalité. [...]
[...] La chauve-souris n'est pas sans évoquer la gravure de Goya dans ses Caprices le sommeil de la raison engendre des monstres L'homme semble habité par le bestiaire infâme de son angoisse. En revanche c'est l'idée d'un vide absurde qui est introduite dans le poème de Laforgue. D'entrée de jeu on note Tout m'ennuie aujourd'hui »(v.1)Le spleen précède l'observation du monde et aucune raison ne vient expliquer celui-ci. Le texte fonctionne de façon circulaire : le mot ennuie ouvre et clôt le texte. Le temps humain Minuit. Une heure égrène sa lenteur, inapte à lutter contre l'éternité de l'ennui : éternelle pluie l'averse toujours L'absurdité est présente dans le texte. [...]
[...] Il y a bien là la démarche d'un poète symboliste. La poésie est une peinture, un paysage où se déploie l'imaginaire et le symbole. Laforgue opte pour une forme de monologue intérieur. Sa poésie semble au contraire vouloir rendre compte à tout prix de la banalité et de la monotonie du monde. Elle reste à la surface d'un monde qui n'a rien à révéler. L'oralité du texte, la voix, émerge grâce aux interjections : Bah ! (v.8 et 13) Les impératifs instaurent aussi ce ton de dialogue avec soi- même : sortons couchons-nous La ponctuation forte avec les points d'exclamation ou encore les points de suspension appartient bien à celle du dialogue. [...]
[...] Baudelaire lui aussi manifeste l'isolement du poète dans ce texte. Le dernier quatrain le montre seul, vaincu. Le pronom nous qui semblait rendre compte d'une expérience commune à la condition humaine tout au long du texte n'est plus d'usage dans la fin paroxystique. En effet on passe de nous verse nos cerveaux à sur mon crâne incliné Plus sensible que les autres, le poète est aussi plus facilement victime du spleen, de la bile noire de la mélancolie. La place de l'écriture poétique : lutte ou résignation Dramatisation baudelairienne : la présence d'un combat et d'un déchirement. [...]
[...] Le monde dans lequel il évolue ne semble habité que par des ombres (v.4). La négation et l'allitération en au vers 9 révèlent un monde habité par des êtres insignifiants : Pas de livre. Passants bêtes. Personne. (v.9) Il évoque l'homme ravalé au rang de la bête, mention qui ne va pas sans mépris. A priori négatif à l'égard des autres et complaisance du poète pour cet état de spleen qui génère l'écriture. Enfin le vers final met en exergue l'adjectif seul Avec le décadentisme de Laforgue on assiste à un pessimisme généralisé. [...]
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