Nous étudierons donc ce poème en suivant sa dynamique et mettrons en évidence tout d'abord le décor oppressant que le poète nous présente puis nous étudierons la montée du spleen avant de voir la défaite de l'espoir.
(...) Le bestiaire : Les êtres qui peuplent cet espace constituent un bestiaire fantastique. Ainsi, l'espérance est comparée à une chauve-souris au vers 6 ; cet animal étrange, mi-souris mi-oiseau, appartient au monde de la nuit et convoque dans l'imaginaire collectif l'image du vampire. Au vers 11, le poète évoque la présence d'un peuple muet d' "infâmes araignées". Le caractère effrayant de cet animal est rehaussé par l'adjectif antéposé "infâmes" mais aussi par le fait qu'elles sont en nombre important et soudées, unies en un "peuple". Leur mutisme (cf. "muet") et le fait qu'elles tendent leur filet (sans doute pour constituer des pièges) leur donne un caractère fantastique.
(...) Le combat. Cette crise apparaît comme une lutte entre deux entités qui dépassent la volonté du poète : l'Esperance et l'Angoisse, images allégoriques tendant respectivement vers l'idéal pour l'une et vers le spleen pour l'autre. L'impuissance du poète est soulignée par le traitement allégorique de ces idées abstraites qui deviennent des entités autonomes et vivantes (v19 "l'espoir ... pleure" et "l'angoisse ... plante son drapeau...". Sa volonté semble totalement absente et c'est sans lui que se déroule ce combat dont il sera cependant le grand perdant (...)
[...] L'inclination du crâne semble bien confirmer cette soumission face à la force aliénante que constitue l'atroce et despotique angoisse ainsi que l'apparition en fin de poème du pronom personnel je qui fait progresser le poème d'un cas général à un cas particulier. Le contre rejet du vers 18 ainsi que la cadence martelée qui le suit soulignent cet échec qui semble-t-il était déjà annoncé par certains indices : ainsi l'espérance était-elle déjà comparée à une chauve-souris dans le deuxième quatrain, ce qui ne lui promettait sans doute pas un avenir brillant, la chauve souris étant considérée, dans l'imaginaire collectif comme un animal malfaisant. De même, certains éléments du dernier quatrain font écho au 1er (cf. [...]
[...] La tension dramatique : la montée du spleen A. La progression du texte : vers la crise. Mais ce décor ne reste pas extérieur puisqu'on assiste à une intériorisation du paysage extérieur : ainsi le ciel pèse directement sur l'esprit (v1 et les filets sont tendus au fond des cerveaux (v12) et c'est dans l'âme du poète que défilent les longs corbillards du dernier quatrain. De plus, une lecture verticale du poème nous permet de constater que le poète passe de l'évocation du ciel à celle de l'horizon de la terre et enfin de âme (v18) puis du crâne (v20). [...]
[...] *anaphore : répétition d'un mot en tête de phrase ou en début de vers. Mais surtout, cette anaphore, relayée par et que aux vers 3 et 11 va céder en effet d'attente, de suspens, dû au fait que ces propositions circonstancielles nous font attendre une proposition principale et donc de mettre en relief les deux derniers quatrains. De plus, les nombreux participes présents gémissant embrassant battant étalant qui marquent la simultanéité et qui servent à marquer une action en cours dont on ne distingue ni le début ni la fin, vont créer un effet d'étirement des actions dans le temps. [...]
[...] la couleur noire et l'adjectif long ils constituent une boucle et laissent le poème se refermer sur la vision du drapeau noir. En conclusion, nous avons pu suivre avec le poète les étapes menant à la crise de spleen, les circonstances qui la font naître et ses caractéristiques Tout l'art de Baud vient sans doute de cette aptitude à fixer des vertiges comme dira Rimbaud et à nous faire ressentir de plein fouet le malaise par cette noire imagerie de la souffrance. [...]
[...] Mais ce climat est malsain et générateur de malaise : l'humidité qui l'accompagne envahit l'espace : la terre entière devient humide et décompose les éléments plafonds pourris v8). Excellence, est comparée à un couvercle ; les termes pèse et lourd évoquant la pesanteur, sont tous deux placés sous l'accent, ce qui les met en valeur ; les termes ciel pèse et couvercle se font écho par le son è. De plus, les images du cachot, de la prison, des murs nous enferment dans un espace clos. Ce décor est d'autant plus angoissant qu'il est habité par des êtres fantastiques et effrayants. [...]
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