La pérennité fait le propre des figures reconnues comme mythiques. Mais dans cette traversée des siècles qu'elles soutiennent, il est surtout curieux de constater qu'avec elles, c'est la pérennité du monstre qui s'établit. Oui, "l'humanité ne cesse jamais d'aimer les monstres et les trouve là où ils sont" ! Et cela même parce que le monstre suscite une réaction : il effraie, il étonne, il inquiète. Le monstre éveille donc la réflexion en la poussant au-delà des limites du rationnel, en la conviant sur les terres de l'imaginaire, où il formule son énigme. La monstruosité mythique serait donc le messager énigmatique, multipliant ses formes aux sources de l'art et ne cessant d'interroger l'homme. Si l'on peut désormais donner un exemple illustrant cette définition, la réponse la plus évidente serait alors : le sphinx.
En effet, la figure sphinxiale, reste l'emblème de la monstruosité énigmatique. Énigme monstrueuse de cette créature dont l'étymologie nous apprend que sphinx en grec ancien signifie "l'étrangleuse". Énigme mythique, s'il en est, qui rappelle immanquablement l'histoire d'Oedipe et de sa rencontre avec la terrible Sphinge. À tel point même, que l'on en vient parfois à se demander, au vu des représentations artistiques commémorant à l'envi cet épisode, s'il existe d'autres sphinx que celui de Thèbes ! En vérité, qu'il soit le monument égyptien au secret de pierre impénétrable, qu'il soit, cette gardienne à "l'oralité légendaire" que vainquit Oedipe, ou qu'il désigne encore au sens figuré actuel une "Personne énigmatique, figée dans une attitude mystérieuse", le sphinx se définit avant tout par son énigme, celle de sa nature monstrueuse et celle qu'il exprime, parfois verbalement mais le plus souvent, tacitement par son attitude (...)
[...] La femme cherche donc à susciter l'éclat. Le verbe resplendir apparaît chez Baudelaire comme chez Heredia. La femme sait aussi exacerber la sensualité de son corps, par la grâce du mouvement Même quand elle marche on croirait qu'elle danse ou par sa nudité offerte Le roc s'ouvre, repaire où resplendit au centre ] l'éclat des yeux d'or, de la gorge et du ventre Mais cet éclat ne cherche qu'à éblouir pour prendre au piège de sa beauté factice la victime fascinée et séduite. [...]
[...] Cette expression est donc quasiment synonyme du terme de décadence. Gilbert Lascault, Le Monstre dans l'art occidental, p Jean-Loïc Le Quellec, Petit Dictionnaire de zoologie mythique, p ibid. Jorge Luis Borges, Le Livre des êtres imaginaires, p ibid. Jean-Loïc Le Quellec, ibid. p ibid. p ibid. p ibid. ibid. p G. [...]
[...] C'est pourquoi, en faisant du sphinx le symbole de la Femme fatale, l'esprit décadent entraîne le déclin du mythe. En effet, l'ambivalence de l'éros symbolisé par le sphinx devient avec la sphinge fatale un éros ambivalent mais déséquilibré au profit de thanatos. L'éros fatal n'est plus que pulsion de mort sous des apparences de séduction. Le sadisme de la Femme fatale se déploie à travers le motif de l'insensibilité sphinxiale qui n'a plus rien de l'élévation spirituelle du sphinx méditatif . On relève dans le poème de Samain : Sous son front dur médite un songe obscur d'empire. [...]
[...] Cette énigme de la connaissance réunissant vérité et jouissance intéresse de près la figure du sphinx. En effet, la Sphinge représente le symbole ambivalent de cette connaissance et l'interdit qui pèse sur elle. Détentrice de l'origine de l'homme et de l'identité d'Œdipe, elle ouvre aussi la voie à la jouissance en causant l'union avec Jocaste. Œdipe croit vaincre la Sphinge en résolvant son énigme. Mais la jouissance à laquelle il accède est monstrueuse (inceste) et il ne tarde pas à recevoir son châtiment. [...]
[...] Lascault, ibid. p C. G. Jung, Un Mythe moderne, traduction R. Cahen, Paris, Gallimard p C.-C. Kappler, Monstres, démons et merveilles à la fin du Moyen- âge, p J.-L. Le Quellec, ibid. p G. Lascault, ibid. [...]
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