Il est une idée bien reçue selon laquelle la littérature s'opposerait à la réalité et ne serait que pur artifice. À l'inverse, Bonald affirme : "La littérature est l'expression de la société, comme la parole est celle de l'homme". Le groupe nominal "La littérature" englobe l'ensemble de la production littéraire : formes narratives en prose, poésie, théâtre. Les choix des noms "expression" et "société" ne sont pas anecdotiques. Exprimer, c'est rendre sensible par un signe, ou faire connaître par le langage. La littérature est donc clairement définie comme un acte de langage. En outre, "expression de la société" est une acception plus limitée qu'"expression de la réalité" : l'oeuvre est définie comme inscrite dans un contexte historique et social. Autrement dit, elle ne surgit pas du néant. Définir les genres littéraires, c'est également définir implicitement ce qui ne l'est pas : l'énoncé n'admet aucune nuance. Il réduit la littérature à une fonction référentielle. Or, toute littérature est-elle expression de la société ? (...)
[...] Ponge publie La pomme de terre dans la revue Confluences sous le contexte de l'Occupation. La presse collaboratrice s'indigne. Parler d'une chose aussi banale que la pomme de terre prend en effet un sens particulier sous l'Occupation. L'Occupation et le rationnement entraînent le marché noir, une hausse des prix. La pomme de terre devient une chose précieuse, digne de l'attention du poète, et plus particulièrement du poète engagé : ce bloc friable et savoureux délice de sa consommation Parler de nourriture, c'est parler des conséquences désastreuses de l'occupation, des Français affamés au nom du grand effort national Travail, Famille, Patrie C'est refuser le discours de collaboration. [...]
[...] Certes, dans une lettre à Louise Colet datée de 1852, il affirme son désir d'écrire une œuvre qui se tiendrait par le style mais l'année suivante, il écrit Ma pauvre Bovary, sans doute, souffre et pleure dans vingt villages de France à la fois, à cette heure même Madame Bovary est de facture réaliste ; il est impossible de lire le roman sans la connaissance du statut civil de la femme en 1857, régi par le Code Civil. Elle est une perpétuelle mineure, n'existant que par le mariage. Dès lors, les hésitations d'Emma à épouser Charles et son évanouissement à la naissance de sa fille, prennent sens. Enfin, Jacques le Fataliste a certes pour cible les autres romans (méta- roman), mais il est également fruit du XVIIIe siècle. Le maître de Jacques, ayant perdu son cheval, perd également un signe distinctif de son rang social : Mon cheval ! [...]
[...] En cas de vers, congédiez-le aussitôt. Les vers dévoreront la librairie ! édition de Patrick Berthier, Livre de Poche p Édition d'Auguste Delazay, Livre de Poche p Correspondance, tome II, édition de Jean Bruneau Gallimard Édition de Jacques Chouillet, Livre de Poche p et p Calmann-Lévy p Dans l'édition de Jean-Pierre Collinet, p Jacques Seebacher, Victor Hugo ou le calcul des profondeurs, PUF Pierre et Jean, édition de Marie-Claire Ropars-Wuilleumier, Le Livre de Poche p Préface de L'Assommoir, texte disponible sur wikipédia http://fr.wikisource.org/wiki/L%27Assommoir_-_P r%C3%A9face Dans l'édition Seuil p Dans l'édition de Jacques Neefs, Le Livre de Poche pp. [...]
[...] Toute lecture d'un roman de Balzac sans connaissance du contexte historique est donc partielle. On ne peut lire Illusions Perdues sans connaissance de l'histoire de la presse au début du XIXe siècle, et de l'histoire de la littérature (montée en puissance du roman et désuétude de la poésie[22]). Le roman réaliste a une forte fonction référentielle et ne peut être compris qu'en appliquant les principes de Taine La race, le milieu, le moment De même Zola, dans L'Assommoir, effectue une description très précise de la condition ouvrière sous le Second Empire, par un répertoire des métiers : Coupeau est un zingueur, Gervaise une blanchisseuse, Virginie une couturière, Goujet un forgeron, Nana une fleuriste et les Lorilleux sont des artisans travaillant l'or. [...]
[...] En outre, pour que l'œuvre littéraire soit efficace (parvienne à toucher son public), elle se doit d'utiliser des clichés. Les clichés sont inscrits dans une époque et ses mœurs. Les éléments de l'œuvre littéraire faisant appel à des clichés deviennent illisibles et prêtent à contresens s'il y a méconnaissance du contexte. Dans L'île des pingouins (Anatole France, 1908) après failli mourir poignardé de la main de Maniflore, le général Greatauk déclare Madame, [ . vous avez laissé tomber un ustensile de ménage Il la fait ensuite relâcher. Ceci ne signifie aucunement qu'il ait succombé au charme de Maniflore. [...]
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