Pour Avishai Margalit, l'idéal politique classique de toute démocratie est l'instauration d'une société équitable et juste, qui serait basée sur le respect de la liberté et de l'égalité de chacun de ses membres. Arguant de la dimension utopique et de la difficulté à réaliser ce type de société (idéal auquel toutes les sociétés démocratiques se réfèrent), l'auteur se propose de définir un autre idéal de société, qui correspond selon lui à des objectifs dont l'importance empirique doit être prise en charge par la pensée politique.
[...] Aux trois composantes de la citoyenneté (légale, politique et sociale l'auteur ajoute une dimension symbolique. La citoyenneté symbolique, c'est à dire le partage par tous de la richesse symbolique de la société, ne se traduit pas en termes de droits. Elle se rapproche plus de l'expression des droits d'une communauté minoritaire à l'intérieur d'une société, comme la reconnaissance d'un langage comme une langue officielle. Ainsi, la citoyenneté dans une société décente doit inclure le respect des symboles d'une minorité comme un droit de cette communauté. [...]
[...] A cet égard les œuvres de l'Homme selon les mots de l'auteur, ne lui procurent qu'une gloire par procuration. Cette conception religieuse comporte des limites : si l'on reconnaît le fait que tous les grands progrès de l'Humanité sont dus à quelques hommes, pourquoi cette gloire par procuration ne serait-elle pas limitée à u groupe plus restreint que l'ensemble des êtres humains ? De même, pourquoi accorder le respect à la seule espèce humaine en le refusant aux autres êtres vivants ? [...]
[...] L'humiliation est probablement une tare qui doit être dénoncée vigoureusement. Mais Margalit ne nous offre qu'une comparaison entre deux idéaux, et non pas entre deux états de fait. C'est la première limite de sa démonstration. De fait, l'impression générale du livre est que la comparaison avec un idéal de justice est évoquée comme un point central des thèses qui seront développées ensuite. Or, aucun exemple d'injustice ou même d'iniquité n'est présenté comme sont présentés, en nombre, des exemples d'humiliation. Que dire des contrôles d'identité effectués par la police et du fait que ce sont en majorité les Français d'origine qui en font l'objet ? [...]
[...] Néanmoins, le point de départ de la réflexion de Margalit demeure une comparaison avec la théorie de la Justice de Rawls. En ce sens, il convient de s'intéresser plus précisément au postulat de base adopté, c'est à dire la priorité qui doit être accordée à l'établissement d'une société décente plutôt qu'à une société juste. La validité de cette proposition peut et doit être relativisée fortement. Corrélativement à cette comparaison introduite entre deux idéaux politiques, on doit également se questionner sur une possible contemporanéité dans la réalisation de ces deux objectifs. [...]
[...] Une société régie par des valeurs humanistes et démocratiques ne peut que condamner un tel comportement, ce que l'opinion publique, mais surtout les institutions californiennes ont fait. Rodney King a été humilié, mais il sait que cette humiliation est une injustice, et qu'elle n'est pas fondée. L'humiliation est ici un fait indéniable mais condamnable et condamné par tous. L'institution policière, comme toutes les institutions aux Etats Unis et dans les autres pays démocratiques, se veulent décentes. Un individu sujet à une humiliation doit donc logiquement se considérer comme une victime. [...]
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