Fiche de lecture de l'ouvrage La société décente de Avishai MARGALIT. 15 pages
Pour Avishai Margalit, l'idéal politique classique de toute démocratie est l'instauration d'une société équitable et juste, qui serait basée sur le respect de la liberté et de l'égalité de chacun de ses membres. Arguant de la dimension utopique et de la difficulté à réaliser ce type de société (idéal auquel toutes les sociétés démocratiques se réfèrent), l'auteur se propose de définir un autre idéal de société, qui correspond selon lui à des objectifs dont l'importance empirique doit être prise en charge par la pensée politique.
[...] En ceci, la critique rejoint le grief général que l'on pourrait porter à la démarche de l'auteur. SI les concepts d'honneur et d'humiliation sont centraux, il semble difficile de dire qu'ils sont autonomes de considérations en rapport avec la justice et l'égalité : ces deux concepts sont liés. [...]
[...] Le concept d'honneur dû à tous dans la société décente est plus proche du concept de dignité humaine. On peut rapprocher la notion d'honneur à celle du respect de soi-même dû à chacun parce qu'il appartient à la communauté humaine, et celle d'amour propre de l'honneur social. Enfin, l'auteur clarifie la notion de dignité. De même que l'orgueil est l'expression de l'amour propre, la dignité exprime le sentiment de respect qu'ont les individus à l'égard d'eux-mêmes. Les motifs du respect L'auteur met ici en relief le besoin de justifier le respect que l'on se doit de porter à chaque être humain. [...]
[...] Néanmoins, le point de départ de la réflexion de Margalit demeure une comparaison avec la théorie de la Justice de Rawls. En ce sens, il convient de s'intéresser plus précisément au postulat de base adopté, c'est à dire la priorité qui doit être accordée à l'établissement d'une société décente plutôt qu'à une société juste. La validité de cette proposition peut et doit être relativisée fortement. Corrélativement à cette comparaison introduite entre deux idéaux politiques, on doit également se questionner sur une possible contemporanéité dans la réalisation de ces deux objectifs. [...]
[...] Cependant, en tant qu'atteinte à la dignité humaine, l'idée de rejet de la communauté humaine a une autre dimension qu'est la perte de contrôle. Le sens de la maîtrise de soi est un des éléments principaux de la dignité humaine. De fait, l'accomplissement d'actions qui manifestent ou provoquent une perte du contrôle fondamental constitue une atteinte fondamentale au respect de la dignité humaine. Enfin l'humiliation peut être comprise, au-delà du fait d'être traité comme un non humain comme le rejet de la société humaine . [...]
[...] Au contraire, un idéal se doit de contenir une notion de projet. En tant que modèle, cet idéal se doit de représenter la société non pas comme ce qu'elle est, mais comme ce qu'elle devrait être. Une société se basant uniquement sur une ambition de décence n'a pas d'idéal politique, puisqu'elle ne projette pas un modèle ni un système politique. Il est difficile d'imaginer que l'on considère sérieusement, comme le fait l'auteur, que l'idéal politique de décence a une validité indépendamment d'autres valeurs (auxquelles il est inévitablement associé). [...]
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