Nous sommes dans une scène d'ouverture, le rôle d'une scène d'exposition est de présenter le début de l'intrigue de telle sorte qu'elle devienne compréhensible aux spectateurs. Dans cette première scène tous les principaux acteurs, protagonistes, sont présents : le comte de Kent, le comte de Gloucester, Edmond son bâtard issu d'une union adultérine, puis : le roi Lear, ses trois filles, Albany le mari de Goneril, le duc de Cornouailles époux de Régane, manque Edgar le fils légitime de Gloucester.
Suivent d'autres personnages de second plan. Ils entrent à tour de rôle sur scène. Après un préliminaire qui annonce les deux actions principales exposées par Kent et Gloucester : le partage du royaume de Lear entre ses filles, les deux fils de Gloucester : le légitime Edgar, l'illégitime Edmond, Lear rentre avec ses trois filles et deux gendres (...)
[...] Mais puisque son père lui avait répondu sur la logique du rien dont rien ne peut procéder, sur ce même terrain de logique Cordélia objecte aux déclarations de ses sœurs et à son père qu'il est impossible de prétendre vouloir consacrer tout son amour à un père et en même avoir un époux. Il faut bien que l'amour se partage entre le père et l'époux. Elle attaque ses sœurs sur la sincérité de leurs paroles : Pourquoi mes sœurs ont-elles des époux, puisqu'elles disent / Qu'elles gardent pour vous tout leur amour ? Il y a une contradiction, et Cordélia ne se prive pas de la faire remarquer. [...]
[...] Le rien est à peine équilibré par un Monseigneur Ce rien répond à la question : Que peux-tu dire pour recueillir / Un troisième lot plus opulent que celui de tes sœurs ? Parle. Or c'est ce à quoi elle se refuse : parler. Parce que les mots peuvent être vides ou mensongers elle s'en tient à ce rien. Le père prenant le mot pour la chose lui répond en bonne logique : De rien il ne vient rien comme si ce rien signait le peu ou le pas d'amour de Cordélia pour son père. [...]
[...] Pour Lear l'amour véritable n'existe pas, il suffit de son simulacre pour le satisfaire. Il se contente du faux semblant de filles qui prostituent la parole pour dire un amour qu'elles ne ressentent pas mais dont elles connaissent les mots. C'est pourquoi Lear succombera à la flatterie de tous ceux qui l'entourent, non seulement celle de Goneril et Régane, mais des innombrables flatteurs qui entourent un prince. Inversement, là où existe un véritable amour, celui-ci est pour lui sans valeur s'il n'est accompagné de paroles vénales et prostituées qui exagèrent ce que le cœur peut offrir. [...]
[...] Et cet accord du cœur et des mots va perdre Cordélia. Dans ce monde de courtisans où chacun s'avance masqué, dans ce monde de la dissimulation, Cordélia s'avance à découvert c'est là toute sa fragilité car Lear ne veut que des apparences, il ne veut pas la vérité de l'être. L'accord des mots et du cœur est pour lui signe de manque de tendresse alors qu'il n'est que vérité sans concession au mensonge et à la flagornerie : Si jeune et si peu tendre ! [...]
[...] La malédiction du père : Le pouvoir royal est proche d'un pouvoir démiurgique sur l'univers, la puissance qu'il exerce sur les hommes est un décalque de la puissance des forces de la nature. A l'époque de Shakespeare, pour la plupart des théoriciens du politique la puissance royale vient de Dieu, puissance royale que l'on comprend comme voulue par Dieu. Le pouvoir est donc sacré puisqu'il est voulu par Dieu et qu'il en partage une partie de la force. C'est ainsi que l'on reconnaissait aux rois de France le pouvoir de faire des guérisons miraculeuses, de pouvoir guérir par simple attouchement les écrouelles. [...]
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