Qu'est-ce que l'héroïsme ? Cette vertu propose de multiples facettes mais se caractérise de façon générale par une capacité à affronter sans frémir des situations extrêmes, à maintenir sa volonté là où d'autres ploieraient ou renonceraient. Le héros est admiré parce qu'il porte l'humanité vers ses plus hautes possibilités, ou parce qu'il révèle des possibilités insoupçonnées. Le héros est donc celui qui possède « de l'étoffe », une robustesse particulière, une « âme bien trempée ». Mais l'héroïsme peut qualifier une action ponctuelle qui surprend son auteur lui-même : l'homme ordinaire peut se révéler héroïque, peut-être l'espace d'un instant (...)
[...] Le caractère exceptionnel du héros et des obstacles qu'il doit affronter favorisent cet excès. L'exploit est la figure de l'action en excès sur la mesure ordinaire de l'action humaine employée dans Capitaine Ulysse éditions Bourgois à la page 65 : Hourra pour le capitaine Ulysse En effet dans cette scène, l'exploit réside dans le fait que le Capitaine a vaincu la force maléfique de Circé la magicienne, il a réussi à s'extirper héroïquement de ses griffes. De plus, l'héroïsme introduit une dimension de contraste entre les personnages ordinaires et ceux qui sont capables, par leurs dispositions naturelles ou par une conversion de leur vouloir, de se hausser jusqu'à une dimension exceptionnelle. [...]
[...] L'héroïsme c'est de réussir sa vie d'homme, d'être en accord avec soi, d'exister comme l'explique Savinio dans sa préface à Capitaine Ulysse pages 27 et 28 : a vécu toutes les vies - sauf la sienne. ( ) il retire sa fausse barbe. Brillant et vide, l'Ulysse postiche reste sur les planches ( ) Ulysse a enfin appris à vivre, il lui sera également loisible de mourir quand bon lui semblera. C'est grâce au dramaturge qu'Ulysse s'est retrouvé. Par sa création littéraire, Savinio est donc lui-même un héros. A. Savinio : dramaturge et héros ? [...]
[...] (Elle tombe sans connaissance sur la rambarde de sa loge.) Le troisième et dernier aspect est celui de la présence du faire-valoir du héros. En effet le héros littéraire est souvent flanqué d'un faire-valoir sous la forme d'un acolyte de moindre envergure. Le faire-valoir peut assumer diverses fonctions : il est d'abord et avant tout le premier témoin des exploits du héros et peut les attester ; c'est parfois de son point de vue que sont racontés ses hauts faits. [...]
[...] Le malheur d'Ulysse, c'est aussi de ne pas être reconnu par Pénélope. Sans la reconnaissance, le statut de héros n'existe pas, or, cette action d'identification n'a pas lieu avec Pénélope dans Capitaine Ulysse à la page 141 : c'est un fou ! ( ) Un épileptique, un forcené ! Ulysse est donc un personnage tourmenté et ce, malgré son retour à Ithaque qui ne fait qu'amplifier son malheur. Le Capitaine Ulysse de Savinio n'est donc pas un homologue de l'Ulysse d'Homère. [...]
[...] Or, c'est précisément ce qui fait défaut au Capitaine Ulysse de Savinio. Savinio met en avant la lâcheté d'Ulysse dans sa préface La vérité sur le dernier voyage , Capitaine Ulysse, éditions Bourgois, page 24 : Dès qu'Ulysse se retrouve devant le contrat de mariage et le livret de famille, il a l'impression de devoir monter, les mains nues, à l'assaut d'une citadelle suréquipée. Capitaine Ulysse apparaît parfois sans bravoure, il n'est plus un héros actif mais un égoïste peureux comme en témoignent certains passages de Capitaine Ulysse pages ou 60 : Ulysse est resté en sentinelle sur le bateau Penses-tu encore que j'aie tergiversé par apathie, par négligence ou par lâcheté ? [...]
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