Jean-Paul Sartre, "Orphée Noir", Préface de l'"Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française" de Senghor

Résumé du document

"Orphée noir" est le titre que Jean Paul Sartre, figure d'autorité intellectuelle majeure du XXème siècle, consacre à l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de Léopold Sédar Senghor, poète, écrivain philosophe engagé et premier président du Sénégal. L'anthologie est publiée pour la première fois en 1948 à l'occasion de la publication des décrets qui abolissent définitivement l'esclavage.

La négritude est un mouvement à la fois littéraire et politique francophone né de la rencontre d'Aimé Césaire et de Senghor, qui définit le concept de négritude comme " l'ensemble des valeurs culturelles du monde noir, telles qu'elles s'expriment dans la vie, les institutions et les oeuvres des Noirs. Je dis que c'est là une réalité : un noeud de réalités".
Mais en quoi la préface d'Orphée Noir cherche-telle à promouvoir, à défendre et à expliquer la poésie noire ? (...)

Extraits

[...] Orphée refuse la mort de sa femme et entreprend de ramener Eurydice au monde des vivants. Après maintes péripéties, les Dieux de l'enfer autorisent Orphée à ramener Eurydice sur terre à condition que le poète ne la regarde pas avant que les deux époux soient sortis du royaume des Enfers. Malgré l'avertissement des Dieux, Orphée ne résiste pas à la tentation de se retourner vers sa bien aimée qu'il perd à jamais. Une quête des origines JP Sartre est amené à établir une analogie entre le poète noir et Orphée à travers la formule me fait songer à Deux épisodes du mythe d'Orphée sont explicitement présents : d'une part l'épisode de la quête d'Orphée aux Enfers qui est évoqué par la redescente aux enfers Il est en fait une représentation métaphorique de la quête des profondeurs de l'identité noire. [...]

[...] Cette quête du poète noir passe à l'évidence par la remise en question de la culture européenne, l'homme noir doit se détourner de la culture occidentale pour ne pas perdre sa culture, comme Orphée qui ne devait pas se retourner vers Eurydice . La morsure du serpent La morsure d'Eurydice par le serpent est explicitée par la métaphore les serpents de notre culture Cette analogie révèle le caractère néfaste et pervers de la civilisation occidentale sur l'individu. La métaphore de la culture prison confirme la conception de la culture européenne comparable à un carcan et à une entrave à la liberté. [...]

[...] Enfin, le recours au mythe d'Orphée, allégorie à portée universelle illustre l'argumentation de l'auteur. II une analogie avec le mythe d'Orphée Jean Paul Sartre s'attache à associer la négritude au mythe d'Orphée, par le titre de sa préface : Orphée Noir. Quels sont les éléments qui permettent à l'auteur d'agencer le poète noir à Orphée ? Résumé du mythe Orphée est le premier des poètes qui charmait les hommes, les animaux et la nature par le chant de sa lyre, instrument dont il était l'inventeur. [...]

[...] La poésie devient alors un chant libérateur pour le peuple noir, d'où le lexique de la destruction composé des termes : révolutionnaire ruiner démotion et détruiront Conclusion : En définitive transparait l'habileté de l'écrivain et philosophe Sartre, qui s'attache à expliquer et à promouvoir la poésie noire si bien que la préface d'Orphée noir marquera une date dans l'analyse de la négritude. L'analogie avec le poète de Thrace, Orphée, illustre et appuie l'argumentation de l'auteur et laisse ainsi apparaître la perpétuelle quête d'identité du poète noir. De plus, un nouveau lyrisme poétique se manifeste, celui l'homme noir qui, de sa propre voix, fait entendre l'histoire du peuple noir, et construit en conséquence une mémoire collective. [...]

[...] Jean Paul Sartre fait donc figure d'autorité dans cette préface, c'est à dire que sa notoriété est bénéfique pour l'anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache. La situation d'énonciation Tout d'abord, l'étude de la situation d'énonciation met en évidence l'implication de l'auteur dans son propos comme le suggère l'emploi de la première personne du singulier : Et je nommerai ajouté à cela le possessif notre (notre culture) qui inclus Sartre et le destinataire. Car en réalité, cette préface s'adresse aux lecteurs occidentaux curieux et ouverts, et l'auteur leur propose de découvrir une nouvelle forme de poésie c'est à dire que Sartre endosse le rôle d'initiateur de cette nouvelle poésie. [...]