La scène d'exposition nous a indiqué que la tragédie
[...] Elle critique l'idolâtrie des habitants d'Argos. Puis, on remarque que la dévalorisation de Jupiter (injures, ordures, dévotes, tutoiement, se frottant à lui a valeur de blasphème. Electre énonce en fait un blâme de son culte (pour cela elle souligne les nombreux défauts de son effigie, symbole de dieu sur Terre, dont la face est barbouillée de jus de framboises pour imiter le sang, et le vert sombre de [ses] yeux { ] n'est qu'un vernis De plus, le dénigrement de Jupiter passe par l'allusion aux ordures, qui sont des restes du monde vivant, à l'image des cendres. [...]
[...] Jupiter, le dieu des morts, apprend à Oreste (lui-même né a Argos), que le roi Agamemnon fut assassiné par Egisthe qui l'a remplacé, sans que le peuple réagisse. Depuis, la population vit dans le repentir et dans le culte de Jupiter. C'est d'ailleurs le jour des morts. La scène 3 de l'acte premier est en grande partie un monologue d'Electre (la fille d'Agamemnon et de Clytemnestre et sœur d'Oreste) adressé à Jupiter. A la lecture de cette scène on peut se demander quelles sont les caractéristiques de ce monologue. [...]
[...] Elle bafoue les valeurs et les croyances de son peuple. Elle tient un discours révolutionnaire avec un registre polémique), ne craint pas Jupiter ; son athéisme la pousse à ne croire en rien d'autre que la venue de celui qui mettra un terme à cette religion. Finalement, l'effigie de Jupiter, symbole du dieu sur Terre, n'est qu'en bois blanc Il suffirait d'y mettre le feu pour la voir s'écrouler. Il en est de même pour le culte : il suffirait d'une prise de conscience commune de l'absurdité de la situation de la part de la population d'Argos : ils adorent un dieu qui les méprise, et qui exige d'eux un éternel repentir, une éternelle souffrance. [...]
[...] Ceci constitue une menace pour Jupiter. De plus, les nombreuses interjections (ponctuation exclamative, dis va Eh ) témoignent de la violence des émotions. La haine d'Electre est profonde, et elle s'adresse momentanément à Jupiter en utilisant la troisième personne du singulier. Ce procédé est habituellement employé pour s'adresser à des personnes très nobles (un roi par exemple). Ici, on peut assister à un jeu de l'auteur car il s'agit pour Electre d'un moyen de témoigner à Jupiter encore plus d'indifférence, d'ignorance et de mépris. [...]
[...] Cela peut traduire une certaine forme de lâcheté de sa part, qui avoue qu'elle n'est pas bien forte ; elle peut seulement lui cracher dessus Par la comparaison avec un nouveau né blanc comme un corps de nourrisson Jupiter apparaît comme extrêmement faible et fragile. Le contraste est saisissant. D'ailleurs, l'insistance créée par les nombreuses répétitions de bois blanc reviennent comme un refrain et retentit comme une injure qu'Electre crache au visage du dieu méprisé, le bois blanc étant un bois très tendre, en opposition au bois noble. Cela signifie que Jupiter n'est qu'un objet dont Electre conteste le culte. [...]
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