Sartre, Les Mots, La coupe de cheveux

Résumé du document

Le texte est extrait des Mots, ?uvre autobiographique écrite par Sartre à presque 60 ans. Dans ce texte, Sartre fait habilement le récit rétrospectif d'un évènement à priori anodin et vécu sur le moment par lui-même et son grand père comme une bonne plaisanterie, une surprise pour la mère : la première séance chez le coiffeur. En réalité, cet épisode va être lourd de conséquences pour la mère et le grand père qui vont avoir la révélation de la laideur de l'enfant. Ce texte montre bien, comme plusieurs chapitres des Mots, à quel point la vie de la famille de Sartre est placée sous le signe du théâtre, de l'imposture et il est représentatif de l'écriture autobiographique sartrienne ou l'auteur jette un regard ironique sur sa propre enfance. On pourra par exemple étudier dans ce texte l'art du récit, la conception d'une famille placée sous le signe du théâtre et montrer en quoi il permet une double révélation : celle de la laideur et celle de l'imposture ...

Extraits

[...] L'adjectif est renforcé par l'emploi de l'adverbe tout II. Une famille placée sous le signe du théâtre le goût familial pour les surprises et le théâtre Les lignes 5 à 15 en particulier insistent sur cet aspect. Ligne 5 à Sartre utilise l'imparfait pour évoquer ses propres goûts : J'adorais les surprises et les habitudes familiales Il y en avait tout le temps chez nous On peut remarquer la reprise dans des phrases consécutives du mot surprise (avec le passage au singulier : Nous allons faire une surprise au pluriel). [...]

[...] Elle est particulièrement bien évoquée par Sartre : On lui avait confié sa petite merveille, il avait rendu un crapaud ; on remarquera l'opposition entre les deux groupes nominaux sa petite merveille où le nom merveille est très laudatif, féminin et précédé d'un déterminant possessif sa et un crapaud où le nom crapaud masculin, suggère la laideur et est précédé d'un déterminant indéfini. Le glissement d'un groupe nominal à l'autre marque bien la dévalorisation. On notera aussi l'idée que le grand père a failli à sa tâche On lui avait confié il avait rendu la révélation de l'imposture Dans ce récit, tout le monde ment, et, plus gravement se joue la comédie à lui-même. [...]

[...] On commentera surtout l'expression le ton de notre vie le récit en analepse Le récit en analepse au plus que parfait et au passé antérieur à 15) illustre bien aussi ce goût pour les surprises et l'inattendu, le fait que la vie de cette famille est théâtrale. Les notations faisant allusion aux dissimulations abondent m'en avait soufflé mot clandestinement nous nous étions cachés L'opération de l'appendicite devient une véritable entreprise clandestine, pleine de dissimulations. La suite du récit, quand, deux jours plus tard, la vérité est dite au grand père, est transformée en scène de théâtre. [...]

[...] Le texte est extrait des Mots, œuvre autobiographique écrite par Sartre à presque 60 ans. Dans ce texte, Sartre fait habilement le récit rétrospectif d'un évènement à priori anodin et vécu sur le moment par lui- même et son grand père comme une bonne plaisanterie, une surprise pour la mère : la première séance chez le coiffeur. En réalité, cet épisode va être lourd de conséquences pour la mère et le grand père qui vont avoir la révélation de la laideur de l'enfant. [...]

[...] On notera aussi la dernière partie de phrase l.25 à 26, à nouveau précédée de deux points : c'était saper à la base ses futurs émerveillements Emerveillement est de la même famille lexicale que merveille et le verbe saper a un sens fort : il s'agit de détruire les fondements d'une construction pour la faire tomber, miner, travailler à détruire une chose en l'attaquant dans ces principes. Cela suggère la déception du grand père qui a beaucoup investi dans son petit fils en attendant qu'il devienne un grand homme. Les illusions, ses futurs émerveillements pour l'avenir s'effondrent. la naïveté, l'inconscience de l'enfant L'enfant Sartre ne semble pas, dans ce texte, réaliser ce qui lui arrive. [...]