Kean s'en prend à Mewill et se montre particulièrement agressif. Le vocabulaire est péjoratif. Niant la noblesse ("les princes m'intimident") de Mewill, Kean le compare à une punaise.
Kean, de manière plus générale, s'en prend à son public : "ces gueules d'assassins". La violence se retourne contre lui-même (...)
[...] Les spectateurs (de la pièce de Sartre) ne savent plus où se situer, ne savent peut-être plus bien à qui s'adressent les sifflets de protestation. La frontière entre salle et espace scénique est floue : où se situe Lord Mewill ? La mise en abyme s'approfondit à la fin de la deuxième tirade de Kean : Ou peut-être un acteur en train de jouer Kean Le spectateur est troublé par cette énonciation ambiguë : il y a en effet un acteur en train déjouer Kean car l'acteur britannique bien réel est devenu un personnage de Dumas puis de Sartre. [...]
[...] Kean nous dit qu'au théâtre tout est mensonge, du jeu de l'acteur à l'attitude des spectateurs. Il nous dit aussi que le comédien, bien que différent du personnage qu'il joue est habité par ses rôles au point de ne plus exister vraiment. Sacrifié au plaisir d'un public indifférent ou ingrat, il a l'impression de n'être rien. Sartre, en faisant ainsi parler son personnage pour nous faire réfléchir sur notre existence, s'inscrit dans la tradition d'un théâtre qui de Rotrou (Le véritable Saint-Genest) à Edmond Rostand (l'ouverture de Cyrano de Bergerac) en passant par Molière (La Critique de l'École des femmes ou L'Impromptu de Versailles) aime se mettre en scène lui-même. [...]
[...] L'agressivité de Kean se traduit aussi par des déplacements et par des gestes : il fait un pas vers le public et le regarde. Les sifflets cessent», il s'approche de la loge Il tire un mouchoir de sa poche et se frotte le visage Il fait le geste Les paroles sont violentes également : phrases courtes, voire nominales, interrogations lancinantes, modalité exclamative, apostrophes, répétitions . II . qui séduit le spectateur par un mirage complexe . II- l Kean et Othello Le public s'adresse à Kean en l'appelant par son nom ; le comédien se demande à qui s'adressent les applaudissements applaudissiez-vous ? [...]
[...] Reprenant une pièce d'Alexandre Dumas jouée en 1836, Sartre met en scène l'acteur britannique Edmund Kean décédé en 1833. Jaloux, à l'instar d'Othello qu'il incarne, le comédien, comme atteint d'un accès de folie s'adresse au public pour évoquer son métier. Dans une scène dramatique, violente, le mirage de la mise en abyme complexe sert une réflexion sur le théâtre et sur l'existence. I Une scène dramatique . I-1 La violence contre les autres et contre soi Kean s'en prend à Mewill et se montre particulièrement agressif. [...]
[...] Kean devient Othello : je tuerai pour de bon Le comédien, parce qu'il joue plusieurs rôles, n'est plus rien je n'existe pas vraiment si ce n'est un monstre fait et assassiné par son public. III-3 Le métier d'homme La conception existentialiste de l'homme est sous-jacente : l'homme se définit par ses actes. Jean-Paul Sartre, en mettant en scène un acteur en train de jouer le personnage de Shakespeare, Othello, tout en éprouvant lui- même un sentiment de jalousie, écrit une scène dramatique qui séduit le spectateur par un jeu complexe de trompe-l'œil. [...]
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