Sartoris s'ouvre sur une rencontre entre deux vieillards, Falls et Bayard Sartoris, tous deux hantés par le fantôme de John Sartoris, père de Bayard. Ainsi dès lors le lecteur est plongé dans un univers où le passé est omniprésent. Or après cette visite, le vieux Bayard apprend le discret retour en ville de son petit-fils, lui aussi prénommé Bayard. L'annonce de ce mystérieux retour va plonger le vieil homme dans un passé plus lointain encore que celui de son père et faire ressurgir le fantôme d'un autre Bayard Sartoris, son grand-oncle, héros de la Guerre de sécession (...)
[...] En effet il semble tout d'abord qu'il soit difficile à la famille Sartoris de transmettre une histoire dont elle seule paraît pouvoir accepter le caractère tout aussi dérisoire qu'héroïque. Or ce paradoxe est celui qui existe dans une guerre qui semble n'être devenue qu'un simple mode de vie tout à fait naturel, mais surtout chez des héros qui malgré leur aisance dans la guerre ne semblent plus y être à leur place. * * * La transmission du passé est une question centrale dans l'œuvre, or il semble ici que, toute importante qu'elle soit, elle est subvertie à tel point qu'elle est mise en danger. [...]
[...] Pourtant le vocabulaire du général Stuart est totalement empreint de cette courtoisie. Ainsi dans le billet qu'il laisse au général Pope, il lui présente ses compliments et dit qu'il va revenir lui faire visite Bien qu'ironique, ce billet montre l'ampleur du décalage entre l'atrocité de la guerre et la façon dont ces héros la vivent. De même Stuart va insister en homme bien élevé pour fournir à son prisonnier le confort d'un cheval. Ce dernier quant à lui est bien conscient de l'absurdité de ces manières en temps de guerre : il lui déclare d'ailleurs que la bonne éducation n'a rien à voir avec cette guerre [ ] c'est un anachronisme comme les anchois Ainsi comme les anchois, la politesse est un luxe qui n'a pas sa place en temps de guerre, il l'a bien compris. [...]
[...] Ainsi si le récit présente des héros tellement anachroniques qu'ils en deviennent ridicules, il est fait de telle sorte que leur héroïsme n'en est que plus manifeste. L'admiration prend le pas sur la raillerie, et le récit devient presque plus important que son contenu. * * * L'enjeu de ce récit semble donc très important dans un roman où la question de la transmission du passé aux générations futures semble au cœur des préoccupations. En effet ici la transmission du passé semble réellement menacée, précisément parce que ce qui est à transmettre est difficile à comprendre pour ceux qui ne sont pas directement concernés. [...]
[...] Ainsi la conception de la guerre exposée dans ce récit semble difficile à tolérer. * En effet le récit que fait Miss Jenny démontre une perception de la guerre à laquelle il est difficile d'adhérer : cette guerre presque irréelle dans laquelle la paix semble pouvoir trouver sa place malgré sa violence, dans laquelle les ennemis semblent se respecter car faisant partie du même monde, mais surtout cette guerre qui ne semble plus exister que pour elle-même. Ainsi il semble que dans cette étonnante guerre, la paix même puisse trouver sa place. [...]
[...] En effet comment ne pas remarquer le caractère ridicule de la mort de Bayard Sartoris. Ce dernier, pourtant présenté comme un officier de valeur, ami du général Stuart, meurt pour avoir voulu récupérer des anchois abandonnés par les Yankees. Il est tué par un simple coup de revolver, sans avoir eu le temps de se battre, et non pas par un soldat mais par un cuisinier qui était resté caché derrière les subsistances donc un homme présenté comme étant plutôt lâche. [...]
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