Ce poème peut se lire, comme dit précédemment, comme un témoignage de la difficulté de vivre en prison. Tout d'abord, son cadre de vie est très rudimentaire. En effet, elle nous dit qu'elle vit tout simplement en "prison" dans une "cellule".
On peut penser que la prison est particulièrement vieille, et qu'il doit y être très difficile d'y vivre puisque le "carreau [est] cassé". Albertine doit certainement avoir froid, puisqu'à cause du carreau cassé, il y a donc un trou "où s'engouffre l'air" (...)
[...] Commentaire du poème d'Albertine Sarrazin "Il y a des mois que j'écoute . " Extrait étudié : Il y a des mois que j'écoute Les nuits et les minuits tomber Et les camions dérober La grande vitesse à la route Et grogner l'heureuse dormeuse Et manger la prison les vers Printemps étés automnes hivers Pour moi n'ont aucune berceuse Car je suis inutile et belle En ce lit où l'on n'est plus qu'un Lasse de ma peau sans parfum Que pâlit cette ombre cruelle La nuit crisse et froisse des choses Par le carreau que j'ai cassé Où s'engouffre l'air du passé Tourbillonnant en mille poses C'est le drap frais le dessin mièvre Léchant aux murs le reposoir C'est la voix maternelle un soir Où l'on criait parmi la fièvre Le grand jeu d'amant et maîtresse Fut bien pire que celui-là C'est lui pourtant qui reste là Car je suis nue et sans caresse Mais veux dormir ceci annule Les précédents Ah m'évader Dans les pavots ne plus compter Les pas de cellule en cellule Albertine Sarrazin est à peine âgée de seize ans quand elle est incarcérée dans la prison de Fresnes, pour un hold-up d'une boutique de confection. [...]
[...] De plus, plusieurs mots ou vers montrent qu'Albertine ne compte plus les jours passés en prison, tellement le temps s'écoule tout doucement, peut être "des mois". En tout cas, ce qui est sur, c'est qu'elle est ici depuis longtemps comme le confirme le vers 7 " Printemps étés automnes hivers" qui sont au pluriels et qui se succèdent sans ponctuation ce qui veut dire que les saisons s'enchainent, et qu'Albertine est ici probablement depuis plusieurs années, s'enchainant "les nuits et les minuits". Albertine s'ennuie donc durant cette nuit, comme pendant toutes les autres. Le temps passe, les nuits défilent, se succèdent lentement. [...]
[...] Albertine doit certainement avoir froid, puisqu'à cause du carreau cassé, il y a donc un trou "où s'engouffre l'air". Pendant cette nuit paraissant fraîche, cette nuit durant laquelle "crisse et froisse des choses", Albertine est "nue et sans caresse" dans ce "lit" où elle "veut dormir", mais l'insomnie l'envahie, et elle n'arrive pas à s'endormir. Le vers 6 "et manger la prison les vers" veut peut-être dire que dans le silence de la nuit Albertine entend les vers "manger", du moins les parties en bois, peut être de son lit . [...]
[...] On comprend que son unique envie est de dormir pour tout oublier, idée renforcée par les rimes des vers 6 et 8 "berceuse" et "dormeuse" même si ces souvenirs d'adolescence sont très forts, représentés par les rimes des vers 21 et 24 "maîtresse" et "caresses". C'est par un symbole fort que se termine ce poème. En effet, il se termine par deux fois le mot "cellule" qui résume si bien la triste réalité de cette jeune et belle fille. Dans ce poème d'une jeune fille incarcérée, beaucoup d'émotions peuvent être ressentis. [...]
[...] Albertine essaie donc d'imaginer ce qui se passe à l'extérieur pour pouvoir s'échapper mentalement de sa cellule. Elle "écoute [ ] les camions" et imagine leur "grande vitesse à la route" pour faire diversion dans son esprit, se concentrant sur cela pour oublier les quatre murs qui l'enferment. Dans la nuit silencieuse, chaque bruit semble amplifié, mais plusieurs de ses sens sont sollicités. Comme nous venons de le voir, tout d'abord, l'ouïe, en écoutant les camions, ou se rappelant de "la voix maternelle d'un soir". [...]
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