L'auteur joue plusieurs rôles dans cet extrait qui forme une sorte de rite de passage, il s'y forme un jeu narratif singulier.
Dans ce texte le narrateur du temps de l'écriture se confond avec l'enfant du temps de la narration. Il n'y a pas de distinction entre le "je" du présent et le "moi" du passé : les sensations ressenties par l'auteur jeune sont transposées à l'écrit de la même manière que si elle les éprouvait au temps de l'écriture, il n'y a pas de différence entre la manière dont l'auteur restitue ses souvenirs et celle dont elle pourrait transcrire ses sensations lorsqu'elle écrit, comme l'en atteste l'usage constant du présent et l'abondance de détails précis (...)
[...] L'unité est tout de même maintenue à travers l'utilisation du présent durant tout l'extrait : je trempe mes mains dans son eau transparente elle m'aide à escalader le marchepied (23). C'est justement cette utilisation du présent au lieu des temps du passé qui brise avec la tradition romanesque, et c'est donc en cela qu'Enfance tient du Nouveau Roman. L'auteur joue plusieurs rôles dans cet extrait qui forme une sorte de rite de passage, il s'y forme un jeu narratif singulier. [...]
[...] je me fonds en lui, je n'ai pas de limites, pas de fin tandis qu'à la fin le propos est à lui rappeler de descendre au coin du boulevard Saint-Germain 27). Nathalie Sarraute a conclu un pacte autobiographique d'un nouveau genre : entre l'auteur et le lecteur, elle introduit une troisième personne qui est son double et qui est sa première auditrice. Ainsi elle retrouve les origines à travers les confessions qui fonctionnaient ainsi. Il s'agit là d'un texte à la fois moderne et qui remonte aux sources. [...]
[...] Dans le premier paragraphe, l'auteur fait corps avec la nature et décrit ses impressions. Elle énumère ce qu'elle ressent en accumulant les références à des membres de son corps : je trempe mes mains j'en humecte mon visage je colle mon dos Cette fusion est exprimée également par une phrase : je me fonds en lui, je n'ai pas de limite, pas de fin. qui fait référence à l'excipit du roman de Giono Un roi sans divertissement dans la mesure où l'auteur traduit un moment où le corps du personnage, en l'occurrence Langlois, se fond avec le monde en prenant les dimensions de l'univers ainsi que Nathalie Sarraute qui se décrit sans limites Il y a un contraste très important entre les deux milieux évoqués : la nature et la ville, symbole ici de culture. [...]
[...] Il n'y a pas de distinction entre le je du présent et le moi du passé : les sensations ressenties par l'auteur jeune sont transposées à l'écrit de la même manière que si elle les éprouvait au temps de l'écriture, il n'y a pas de différence entre la manière dont l'auteur restitue ses souvenirs et celle dont elle pourrait transcrire ses sensations lorsqu'elle écrit, comme l'en atteste l'usage constant du présent et l'abondance de détails précis : Je dévale en courant, en me roulant dans l'herbe rase et drue parsemée de petites fleurs de montagne jusqu'à l'Isère En revanche, si l'enfant et l'adulte sont traités de manière identique du point de vue de la syntaxe, un dédoublement adulte/adulte intervient lors des dernières lignes du texte : l'auteur se parle à elle- même sous la forme d'une interlocutrice qui est frustrée qu'elle s'arrête de raconter alors qu'on est presque à la fin du roman : Rassure-toi, j'ai fini, je ne t'entraînerai pas plus loin . - Pourquoi maintenant tout à coup, quand tu n'as pas craint de venir jusqu'ici ? (35-37). Ce dédoublement peut représenter une image du lecteur face à l'auteur : ce dernier lui parle, et le lecteur réagit par cette interrogation à la fin du texte. Aux éléments qui sont à l'origine du contraste omniprésent dans ce texte, il faut ajouter que cet extrait relate un moment d'initiation, voire également de transition. [...]
[...] Son autobiographie "Enfance" publiée en 1985, montre que l'autobiographie peut être orientée vers une période privilégiée, mais en cela ce n'est pas une nouveauté puisque Léon Tolstoï, en 1852, avait publié son autobiographie "Enfance". L'extrait choisi d'Enfance dépeint un moment de communion avec la nature. Il se situe à la fin de l'œuvre, et également à la fin des vacances que raconte Nathalie Sarraute, puisqu'il s'agit de son départ pour le lycée Fénelon. Comment ce moment privilégié est-il restitué ? [...]
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