Militaire et homme politique romain, soutenant les populares et César, Salluste (Caius Sallustius Crispus, 86-35) se consacre à l'Histoire après la mort de ce dernier. Il écrit La Conjuration de Catilina et La Guerre de Jugurtha. Dans ce livre, il raconte la guerre qui opposa la République de Rome au roi des Numides, Jugurtha, entre 112 et 105. Il en vient à décrire l'instabilité à Rome, où les dissensions s'accentuent entre la plèbe et la noblesse.
Les paragraphes XLI-XLII constituent, du propre aveu de l'auteur, une sorte de parenthèse, réflexion morale et politique pour le premier, illustrée par le retour en arrière du second, où il est question des Gracques (133 et 123). Préfigurant l'opposition aux optimates et au Sénat, les Gracques deviennent des figures quasi exemplaires, tandis que la nobilitas est vivement critiquée. Mais Salluste cherche aussi à réfléchir et à juger sur un plan moral, d'après les événements historiques (...)
[...] Igitur ea victoria nobilitas ex libidine sua usa multos mortalis ferro aut fuga extinxit plusque in relicuum sibi timoris quam potentiae addidit. Quae res plerumque magnas civitatis pessum dedit, dum alteri alteros vincere quouis modo et victos acerbius ulcisci volunt. Sed de studiis partium et omnis civitatis moribus si singillatim aut pro magnitudine parem disserere, tempus quam res maturius me deserit. Quam ob rem ad inceptum redeo. VOCABULAIRE : Phrase 1 : majores, um, m : les ancêtres addo, is, ere, didi, ditum : ajouter vindico, as, are, avi, atum : revendiquer, réclamer ; aliquem in libertatem = rendre la liberté à quelqu'un pauci, orum, m : quelques-uns, un petit nombre patefacio, is, ere, feci, factum : découvrir, dévoiler, mettre au jour noxius, um : coupable, criminelle perculsus, um maturus, um : mûr, à point, hâtif desum, es, esse, fui : faire défaut à, manquer à Phrase 7 : quam ob rem (adv) : c'est pourquoi inceptum, n : le projet, l'entreprise redeo, is, ire, ii, itum : revenir TRADUCTION : COMMENTAIRE : Introduction : Militaire et homme politique romain, soutenant les populares et César, Salluste (Caius Sallustius Crispus, 86-35) se consacre à l'Histoire après la mort de ce dernier. [...]
[...] Gracchus avec un même but malgré les dix années qui les séparent (et à dessein Salluste dit paucos post annos pour gommer cet écart), réunis par l'adverbe eadem ingredientem Gaium et fondus dans le nom Gracchis ou Gracchorum actionibus - L'utilisation de alterum, alterum avec encore une construction en chiasme (magistrature + alter / alter + magistrature) que la terminaison globale d'accusatif en um rend très cohérent, les réunit aussi dans une destinée tragique : tous deux sont tués par la nobilitas. La syllabe commune à tribunum et à triumvirum renforce la ressemblance. Cette mort faisant d'eux des vaincus, elle les consacre aussi comme hommes de bien : bono vinci satius est Les Gracques sont donc des victimes tragiques de la noire noblesse. [...]
[...] Avant la destruction de Carthage, le peuple et le Sénat romain administraient d'accord la république dans la tranquillité et la modération, et les citoyens ne luttaient pas entre eux à qui aurait plus de gloire ou de pouvoir : la crainte de l'ennemi maintenait une bonne politique. Mais, quand les esprits furent délivrés de cette crainte, les vices, compagnons habituels de la prospérité, mollesse et orgueil, envahirent tout. Aussi, le repos, que dans l'adversité on avait souhaité, devint, une fois obtenu, plus pénible et plus dur que la guerre. Pour la noblesse le besoin d'autorité, pour le peuple l'amour de la liberté se tournèrent en passions, et chacun se mit à tout attirer, tout prendre, tout ravir à soi. [...]
[...] La Guerre de Jugurtha TEXTE : XLII. - Nam postquam Ti. et C. Gracchus, quorum maiores Punico atque aliis bellis multum rei publicae addiderant, vindicare plebem in libertatem et paucorum scelera patefacere coepere, nobilitas noxia atque eo perculsa modo per socios ac nomen Latinum, interdum per equites Romanos, quos spes societatis a plebe dimouerat, Gracchorum actionibus obviam ierat ; et primo Tiberium, dein paucos post annos eadem ingredientem Gaium, tribunum alterum, alterum triumuirum coloniis deducendis, cum M. Fulvio Flacco ferro necauerat. [...]
[...] - L'implication des deux frères dans la vie politique est rappelée par les magistratures tribunum et triumvirum coloniis deducendis (Caius eut le projet de deux colonies en Italie et d'une à Carthage ; ces colonies devaient lui servir de soutien pour les réformes agraire et frumentaire). La volonté de minorer leurs écarts - Ces éléments l'emportent sur la remarque négative que fait Salluste : leur absence de moderatio En effet l'auteur n'accorde qu'une phrase, brève, à la critique de l'attitude des Gracques. [...]
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