D'abord Augustin, en fin connaisseur de la Bible, recourt au registre merveilleux (on parle en effet de merveilleux chrétien) pour frapper le lecteur, tout comme les auteurs de la Bible ont donné un caractère divin à des actions en leur donnant une dimension miraculeuse : ici, la conversion d'Augustin est en effet présentée par lui comme la conséquence d'un miracle (Dieu s'adresse à Augustin : « divinitus » l.9). Augustin suggère que la voix entendue est celle d'un ange (l.3 : ni la voix d'une fille ni celle d'un garçon) (...)
[...] Enfin l'apposition au sujet de l'adjectif intentissimus au superlatif achève de créer une tension qui contribue à la dramatisation de l'épisode. II. UN RÉCIT AU SERVICE DE L'ARGUMENTATION RELIGIEUSE : PERSUADER ET CONVAINCRE LE LECTEUR DU MIRACLE QU'EST LA CONVERSION A. Un épisode merveilleux et rendu émouvant : le recours à la persuasion D'abord Augustin, en fin connaisseur de la Bible, recourt au registre merveilleux (on parle en effet de merveilleux chrétien) pour frapper le lecteur, tout comme les auteurs de la Bible ont donné un caractère divin à des actions en leur donnant une dimension miraculeuse : ici, la conversion d'Augustin est en effet présentée par lui comme la conséquence d'un miracle (Dieu s'adresse à Augustin : divinitus l.9). [...]
[...] Augustin cherche à convaincre le lecteur de la véracité du miracle qui a conduit à sa conversion en faisant une analogie avec un épisode de la vie d'Antoine [251-356], premier moine chrétien et ermite en Égypte qui résista, raconte Saint Athanase en 360, à un grand nombre de tentations. La vérité supposée de la conversion d'Antoine est donc censée conférer un poids d'authenticité au récit d'Augustin. Les citations de l'évangile jouent aussi le rôle d'arguments d'autorité : le texte d'Augustin puise sa force dans celui des évangiles. La dimension logique et argumentative du texte d'Augustin est en outre visible à l'emploi de connecteurs logiques : Augustin établit ici un réel raisonnement enim l.10, l.17, l.26, itaque l.16) et pose son attitude comme rationnelle et raisonnable. [...]
[...] Le tour de force d'Augustin est donc de présenter ce miracle comme parfaitement rationnel : en écrivain habile, il allie les pouvoirs de la persuasion à ceux de la conviction. III. LA CONVERSION COMME UN RENVERSEMENT DE VALEURS POUR TOUS A. Du mal au bien Fidèle au manichéisme de la Bible, Augustin présente la conversion comme le passage du mal (situation pathétique et métaphore des ténèbres l.26 : tenebrae dubitationis au bien (bonheur et métaphore de la lumière l.25 : luce securitatis du doute à la certitude réconfortante. [...]
[...] Traduction et commentaire de Les Confessions, VIII, 29-30 de Saint Augustin : l'épisode de la conversion I. TEXTE LATIN ET TRADUCTION FRANÇAISE 29. Dicebam haec, et flebam amarissima contritione cordis mei. Et ecce audio vocem de vicina domo cum 5 Je parlais ainsi et je pleurais, avec une affliction très amère au cœur. Et voici que j'entends sortir une voix de la maison voisine, comme celle d'un jeune cantu dicentis et crebro repetentis quasi pueri an puellae, garçon ou d'une jeune fille, je ne sais, qui disait et nescio : Tolle, lege ; tolle, lege. [...]
[...] Je le pris, l'ouvris et lus en silence le chapitre, sur lequel tombèrent en premier mes yeux : Ne vous livrez pas aux festins et aux beuveries, aux coucheries et aux impudicités, à la colère et à la aemulatione, sed induite dominum Jesum Christum, et jalousie, mais revêtez-vous du seigneur Jésus Christ carnis providentiam ne feceritis in concupiscentiis. Nec et ne cherchez pas à contenter la chair dans ses ultra volui legere, nec opus erat. Statim quippe cum fine hujusce sententiae quasi luce securitatis infusa cordi meo convoitises. Je ne voulus pas en lire davantage, je n'en avais pas besoin. C'est qu'en effet, dès la fin de cette phrase, comme si une lumière réconfortante omnes dubitationis tenebrae diffugerunt. [...]
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