L'oeuvre de Saint-Amant (1594-1661) comprend des poésies diverses, publiées entre 1629 et 1658. L'ensemble de cette oeuvre est liée pour partie à la vie contrastée de l'auteur, voyageur et aventurier. Ses périples l'entraînent dans de longs voyages, par exemple probablement en Amérique, ainsi que dans des expéditions guerrières, contre les Espagnols notamment. Durant ses séjours à Paris, il mène la joyeuse vie des libertins de moeurs, et fréquente aussi les salons précieux, dont l'Hôtel de Rambouillet. Il sera l'un des premiers membres de l'Académie française fondée par Richelieu (...)
[...] Conclusion Ce poème reprend des thèmes traditionnels exploités notamment au XVIème siècle: celui de la douleur du poète face à la mort de la femme aimée, que l'on trouve par exemple chez Ronsard dans les sonnets Sur la mort de Marie et celui de l'immortalité conférée par le poète, présente également chez Ronsard. On trouve aussi le rapprochement entre l'homme et la nature, déjà présent chez Ronsard, et qui souligne la sensibilité particulière à ce qui est comparable, dans la nature, à la nature humaine. Ici le thème est renouvelé par l'association avec l'image du ruisseau, élément baroque. Si l'expression de l'affectivité n'est pas absente, les références à ce mouvement littéraire, ainsi que des procédés stylistiques précieux, créent une poésie marquée par la transformation littéraire des sentiments. [...]
[...] Ces deux derniers vers sont une sorte de chute et contiennent l'expression la plus marquée de la douleur (strophes I et III) et de son explication (strophe II). Ainsi, l'ensemble du texte est-il marqué par la violence de la plainte. B. Le lyrisme personnel Cette douleur est liée à un motif particulier, la mort de l'être aimé. L'indication du prénom, Sylvie (v. confère à ce poème un caractère autobiographique et le rend plus personnel. D'autre part, le caractère personnel et intime de la plainte est sensible dans l'utilisation de la première personne déterminant plusieurs des noms précédents deuil», v «mes soupirs», v «mes regrets», v. [...]
[...] Dans les trois sizains de la Plainte sur la mort de Sylvie il est étroitement lié à l'expression d'une douleur personnelle. Se trouve alors posée la question de la fonction ambiguë de la poésie, impuissante devant la mort, mais qui permet de conserver le souvenir de l'aimée L'importance du thème du ruisseau Présent au début et à la fin du poème, le thème du ruisseau, c'est-à- dire de l'eau mouvante, est essentiel. Ici, plus qu'un élément du paysage, il s'agit d'un élément personnifié, comme l'indique la majuscule, qui ouvre le poème et le referme. [...]
[...] Cette conscience de la fluidité et de l'instabilité des choses est fondamentalement baroque, et témoigne du fait que l'homme du XVIIème siècle commençant conçoit avec lucidité son caractère éphémère. Mais dans ce mouvement perpétuel, quelle est la place de la poésie? B. La poésie tend vers l'immortalité Si toute existence est éphémère, seul le souvenir peut en subsister à travers l'écriture, et particulièrement à travers la poésie. En ce sens, faire du ruisseau le dépositaire de la confidence permettrait de vaincre la mort. Cette interprétation est appuyée sur la fréquence des termes relatifs à la parole: écouter (v. dire et raconte discours (v. [...]
[...] à laquelle la majuscule confère un statut particulier - comme c'est le cas pour le Ruisseau et qui est elle-même l'auditeur du Ruisseau. La polysémie de amer, à comprendre autant abstraitement au sens de douloureux» que concrètement, souligne la superposition entre le monde des éléments et le monde des hommes. Le ruisseau sert de relais, d'intermédiaire, afin que le poète puisse exhaler sa plainte par un jeu de comparaisons implicites entre le Poète et le Ruisseau et la polysémie de «aussi» au vers 2. [...]
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