Juan Rulfo est né en 1918 ou 1917 (les sources diffèrent) et perd son père jeune ; 6 ans plus tard, sa mère meurt et il est alors placé à l'orphelinat. Il arrive à la littérature en 1942 après plusieurs emplois qui ne le satisfont pas. Juan Rulfo est mort en 1986 et la production littéraire qu'il a laissée est mince (La plaine en feu, Pedro Páramo et un scénario Le coq d'or) cependant les livres analysant l'oeuvre de Rulfo abondent. Juan Rulfo était très populaire dans son pays, le Mexique. Il y a reçu, en 1970, le Prix National de littérature. Et pourtant c'était un homme très réservé, vivant retiré dans son appartement de Mexico sans téléphone. Il refusait de recevoir les journalistes et les rares fois où il a participé à des conférences accentuèrent sa légende : en 1965, l'institut national des belles lettres du Mexique invita plusieurs écrivains qui en profitèrent pour définir leurs position... Juan Rulfo pas du tout ! Il participa à une conférence qui fut enregistrée, la voix du conférencier était très claire sur l'enregistrement, celle de Rulfo était inaudible alors que tous l'avaient distinctement entendue lors de cette assemblée... L'extrait étudié se situe peu de pages après le début du livre : la mère de Juan Páramo est morte et lui a dit d'aller réclamer à son père ce qui lui appartient. Il part donc pour Comala. En chemin, il rencontre un muletier qui va à Comala et il le suit. Le passage se situe à son arrivée au village. Tout d'abord, Comala apparaît comme un village abandonné. Il se révèle être aussi le village du souvenir. Et, c'est, enfin, un village des morts.
[...] Et, c'est, enfin, un village des morts. Le lecteur est introduit à une heure où, normalement, il se passe quelque chose de précis : les jeux des enfants et ceci dans “todos los pueblos” (excepté à Comala). Les choses habituelles de la vie ne se font pas à Comala, idée de gens , de bruit, de soleil amplifiée par la métaphore: “llenando con sus gritos la tarde” dans ces villes normales, les murs noirs deviennent miroirs : piedras negras reflejan la luz amarilla del sol”. [...]
[...] Le village de Comala prend vraiment cette image de village abandonné après que Juan Páramo ait rencontré Doña Edwiges. La maison où Edwiges est constituée de pièces qui semblent abandonnées et même la pièce qu'elle propose à Juan n'a pas de lit. C'est un village dont tous sont partis que se fueron” ) et qui est demeuré alors vide ( “nadie ha regresado'). Et, c'est dans ce silence que Juan se rappelle, tout d'abord, ce que lui a dit Abundio le muletier sur ce village et il se rappelle aussi que le muletier lui avait indiqué d'aller voir Doña Edwiges, explication que le lecteur n'a qu'après la rencontre de Juan et Doña Edwiges, ce sont comme des bribes de souvenir de Juan. [...]
[...] En outre, Comala donne aussi l'impression de faire partie de l'autre monde, le doute de l'existence de ce village est souligné par falso”, seul le fleuve est vivant, il fait du bruit “sonar del dans une autre édition: “fragor del río”). Après ce doute et cette inquiétude de Juan, l'aspect surnaturel est souligné tout en étant immédiatement nié : la porte s'ouvre comme si l'air l'avait ouverte mais Dona Edwiges est juste là, derrière cette porte. Autre point, d'ailleurs, Dona Edwiges apparaît bien vivante alors qu'Abundio avait précisé à Juan : todavía vive”. [...]
[...] Juan ne voit pas le rapport entre ce village abandonné et ce que sa mère lui en avait raconté. Il a l'impression de n'être qu'à la quête des souvenirs de sa mère. Et même, il doute de ces souvenirs car il dit qu'il cherche “alguien que no existe” et non “alguien que ya no existe” , puisqu'Abundio, le muletier, lui a dit que Pedro Páramo était mort. Juan cherche son père et, comme le fait remarquer Luis Leal dans La structure de Pedro Paramo, Juan s'oppose au fils prodigue, il cherche son père pour venger sa mère ( le thème central étant la rancœur). [...]
[...] Comala est l'antichambre du royaume des morts et si ce roman laisse un goût amer et une vision pessimiste de la vie au lecteur, c'est sans doute parce qu'on retrouve dans Pedro Páramo, les thèmes, déjà abordés dans El llano en llamas : La violence, la cruauté, l'insensibilité morale, l'inceste, la religion mal comprise, la frustration, l'échec, le remords. Il n'y a pas de justice, pas de beauté, pas de pardon, il y a un désespoir de la rédemption dans le monde terrible de la fiction rulfienne Hugo Rodriguez Alcalá dans Juan Rulfo, nostalgia del paraíso. Même la relation amoureuse n'est pas rédemptrice dans ce monde de Comala mais n'est-ce pas là la faute de Pedro Páramo tout autant que sa grande souffrance? [...]
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