Lecture analytique du célèbre passage des Confessions sur "Le peigne brisé" connu aussi par "le souvenir de la 1ère injustice", de Jean-Jacques Rousseau. L'extrait étudié concerne ce qui suit le récit de la fessée, dans le Livre I, où Rousseau analyse ce qu'il ressent des années après, de "Je sens en écrivant ceci que mon pouls..." à "pas beaucoup renforcé". Idéal pour les révisions du bac de français.
[...] Rousseau reconnaît que n'importe qui peut se tromper, mais ce qu'il condamne, c'est le puissant qui exerce son pouvoir au détriment du plus faible. Les cruautés, les subtiles noirceurs d'un fourbe de prêtre tourmenter tyran féroce tout ceci relève du comportement de la bête sauvage. Rousseau est indigné devant toutes ces formes d'oppression : morale le prêtre physique : les animaux coq, vache, chien Un prêtre qui abuse de sa situation, c'est très immoral. La violence dans les mots au pluriel renvoie à une force terrible. [...]
[...] Rousseau lui donne un caractère très littéraire avec des processives : quand signifie ici même si dussé-je : même si je devais quel qu'en soit en quelque lieu qu'elle se commette» : le niveau syntaxique est très travaillé. Les pluriels de ces moments et les cruautés connotent aussi une amplification. Il y a une assonance avec le son vocalique en : Je sens en écrivant ces moments sentiment profondément tellement soulignant l'idée de permanence. C'est la permanence du sentiment de l'injustice. l'amplification Elle consiste à utiliser des images assez fortes telles que J'irais poignarder soulignant le caractère héroïque d'une action simple. Il y a une idée de mise en route d'action volontaire. [...]
[...] En quoi ce passage est il emblématique des Confessions ? Texte étudié : Je sens en écrivant ceci que mon pouls s'élève encore ; ces moments me seront toujours présents quand je vivrais cent mille ans. Ce premier sentiment de la violence et de l'injustice est resté si profondément gravé dans mon âme, que toutes les idées qui s'y rapportent me rendent ma première émotion ; et ce sentiment, relatif à moi dans son origine, a pris une telle consistance en lui-même, et s'est tellement détaché de tout intérêt personnel, que mon coeur s'enflamme au spectacle ou au récit de toute action injuste, quel qu'en soit l'objet et en quelque lieu qu'elle se commette, comme si l'effet en retombait sur moi. [...]
[...] Le ressentiment Rousseau reste empli de bienveillance. Il y a en lui un élan profond instinctif. Il confesse que ça lui est naturel : Ce mouvement peut m'être naturel, et je crois qu'il l'est : c'est un mouvement de compassion. Rousseau s'estime bien placé pour comprendre toute injustice. Son expérience lui donne une certaine légitimité : mon cœur s'enflamme Je partirais volontiers pour aller poignarder ces misérables L'expérience douloureuse qu'a connu Rousseau provoque en lui une réaction, une action, une mise en scène, une volonté d'agir, de lutter contre l'injustice. [...]
[...] Importance des hyperboles : quand je vivrais cent mille ans dussé-je cent fois y périr Rousseau est prêt à risquer sa vie. Insistance sur la permanence. CONCLUSION L'événement du peigne brisé crée une doctrine personnelle. L'écriture du souvenir fait le lien entre le passé et le présent de Rousseau, au-delà des vicissitudes de l'existence. Le travail sur l'amplification montre un plaidoyer avec éloquence. Rousseau veut transmettre un cri parce que l'injustice est sans doute le plus grand crime contre lequel il faut lutter. [...]
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