En 1762, alors qu'il a déjà cinquante ans, l'illustre philosophe du siècle des Lumières, Jean-Jacques Rousseau entreprend la rédaction de ses Confessions. Dans le premier livre de cette oeuvre colossale, Rousseau retrace de mémoire la première partie de sa vie jusqu'à sa seizième année. Il y expose la chute de l'enfant chéri (période idyllique où il est élevé successivement par son père et le pasteur Lambercier à Bossey) à l'enfant perdu (période d'apprentissage où il est malmené par des maîtres tyranniques). Rousseau insiste sur l'importance de cette époque qui met en exergue la formation de son caractère si particulier (...)
[...] Cette dernière citation marque un des trait de caractère les plus connus de Rousseau. En abordant très explicitement ses premières amours enfantines, Rousseau met à nu son côté sentimental, assez romantique qu'il exprimera par la suite avec ses conquêtes (notamment Mme de Warens) Pour rien au monde, je n'aurais voulu fâcher Melle de Vulson; mais si Melle Goton m'eût ordonné de me jeter dans les flammes, je crois qu'à l'instant j'aurais obéi. Après ceci, Rousseau quitte définitivement Bossey pour partir en apprentissage. [...]
[...] En effet, son œuvre est plus une tentative d'introspection visant à faire comprendre l'évolution d'un individu et de ce qu'il est par rapport à ce qu'il a été, qu'un simple récit rétrospectif objectif. Le fait incontournable qu'il souligne l'importance de l'enfance dans la formation de sa personnalité démontre bien que Rousseau préfigure et annonce la psychanalyse. [...]
[...] Par ailleurs, tout en retraçant son enfance, Jean-Jacques Rousseau initie un style nouveau à la fois sentimental et littéraire, avec l'avènement du moi Le personnage central à la fois narrateur et auteur, possède un certain recul par rapport au personnage présenté dès les premières lignes. Alors que l'enfant, puis l'adolescent ignorent ce que le sort leur réserve, le narrateur devenu adulte profite de l'expérience. Il sait par exemple, ce qui va arriver à son personnage, autrement dit à lui-même. De ce fait, il connaît les répercussions de certains actes. [...]
[...] Son éducation à Bossey fut modeste et chaste baignée dans un environnement sain et exemplaire. Le seul petit point obscur à ceci fut l'histoire du peigne cassé, où Rousseau est accusé à tort d'avoir brisé les dents du peigne de Melle Lambercier, Ce premier sentiment de la violence et de l'injustice est resté si profondément gravé dans mon âme [ ] que mon cœur s'enflamme au spectacle ou au récit de toute action injuste, [ ] comme si l'effet en retombait sur moi. [...]
[...] Jean-Jacques Rousseau débute sa vie difficilement. En effet sa naissance fut le premier de ses malheurs [ du fait que sa mère décéda en le mettant au monde. Quelques années après, Rousseau découvrit la lecture avec son cher père auquel il attache un regard nostalgique heureux Je ne me souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi: c'est le temps d'où je date sans interruption la conscience de moi-même Ce sont ces mêmes lectures des œuvres de Bossuet, Plutarque, Ovide, Molière ou encore La bruyère, qui feront de Rousseau à l'âge adulte un grand intellectuel, philosophe et presque incollable sur les grands classiques de l'époque. [...]
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