Dans un passage du Livre premier des Confessions, Rousseau relate "un souvenir" qui le "fait frémir encore et rire tout à la fois" : jeune apprenti chez un graveur dont il subit les mauvais traitements, il tente en vain de lui dérober une pomme. Son maître le surprend et le châtie.
Pour raconter cette anecdote apparemment insignifiante, Rousseau met en oeuvre des procédés d'écriture aptes à conférer au récit à la fois un réalisme saisissant - la scène, dont nous n'ignorons aucun détail, semble se dérober sous nos yeux -, et un caractère captivant : le suspense tient le lecteur en haleine (...)
[...] De plus, la pomme d'or des Hespérides en fait un vulgaire fruit. La persévérance et l'ingéniosité, des qualités propres aux héros épique sont papables dans le texte, notamment à travers les verbes d'action je montai, j'allai chercher, je piquai ou la phrase exclamative que d'inventions ne mis-je point en usage pour la tirer ! ou à force d'adresse De plus, Rousseau décrit avec précision sa tactique de chasse le long du texte. Cependant cette ingéniosité et persévérance sont-elles aussi contrebalancées. [...]
[...] Rousseau, en faisant appel à ce souvenir, et en tenant pour responsables les mauvais traitements de son maître de sa tendance au vol, se livre à une sorte de justification. Rousseau est déculpabilisé à présent qu'il a trouvé la cause de cette tendance au vol : les punitions de son maître. Conclusion Dans Les Confessions, nombreux sont les récits de moments de sa vie que Rousseau constitue en autant de scènes fondatrices en en dégageant le sens profond. Ainsi, l'évocation du désir de l'enfant d'être un voleur, pour se conformer à l'image - l'état qu'un maître tyrannique et méchant lui impose, est l'une de ces scènes fondatrices. [...]
[...] Cette manière d'interpeller le lecteur est sensiblement emphatique, le langage utilisé semble disproportionné quant à la cause de sa douleur. Rousseau semble en fait s'amuser de lui. La phrase la plume me tombe des mains implique que ce se passe est trop horrible pour être raconté mais en fait le lecteur connaît la suite, donc, Rousseau passe dessus, ce procédé relève fortement du faux tragique, du faux épique. En conclusion, Rousseau tente de plaire au lecteur à travers ce récit, de capter sa sympathie. [...]
[...] Rousseau détaille ensuite, avec une précision minutieuse, toutes les étapes de sa chasse aux pommes De nombreux verbes d'action, conjugués au passé simple, nous permettent d'assister à sa première tentative pour dérober le précieux fruit : je montai, j'allai chercher, je l'allongeai, je piquai, je sentis De même, nous pouvons visualiser les multiples gestes accomplis par l'apprenti-voleur lors de sa deuxième tentative : il lui faut trouver des supports pour la broche en état après qu'il l'eut allongée, puis se munir d'un couteau assez long pour fendre la pomme enfin se saisit d'une latte pour la soutenir ! Grâce à la modalité exclamative de la phrase ; »Que d'inventions ne mis-je au point en usage pour la tirer ! et au procédé de l'énumération : des supports [ ] un couteau [ ] une latte lecteur n'ignore aucun des efforts multiples autant qu'ingénieux, déployés en vain par le malheureux adolescent. [...]
[...] III) Récit didactique, une scène fondatrice, une vision anthropologique. Un des buts de Rousseau à travers l'évocation de ce savoir est de montrer en quoi il a eu un impact sur sa personnalité. Le registre est donc didactique puisqu'il s'agit d'une scène fondatrice, dont le récit est cher à Rousseau puisque ses confessions sont parsemées de ce genre de scène. Le registre didactique est utilisé lorsque l'auteur veut à la fois instruire et guider le destinataire du discours. Les procédés sont les suivants : emploi d'un lexique clair et défini, multiplication des liens logiques pour une composition de l'ensemble précise et détaillée. [...]
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