Jean Jacques Rousseau, Les Confessions - publié le 08/04/2007
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Fiche de synthèse portant sur l'étude d'un extrait des "Confessions", écrites par Jean Jacques Rousseau. Cette fiche fournit des renseignements culturels et biographiques sur l'oeuvre et son contexte, avant d'analyser l'extrait suivant. Elle est utile à la fois pour réviser l'oral et l'écrit du bac de français.
Sommaire
A. Le couple des parents, exemple inégalable B. Un sentiment implicite et récurrent de culpabilité
Conclusion
Extrait étudié:
Je suis né à Genève en 1712, d'Isaac Rousseau, citoyen, et de Suzanne Bernard, citoyenne. Un bien fort médiocre à partager entre quinze enfants ayant réduit presque à rien la portion de mon père, il n'avait pour subsister que son métier d'horloger, dans lequel il était à la vérité fort habile. Ma mère, fille du ministre Bernard était plus riche ; elle avait de la sagesse et de la beauté ; ce n'était pas sans peine que mon père l'avait obtenue. Leurs amours avaient commencé presque avec leur vie : dès l'âge de huit à neuf ans ils se promenaient ensemble tous les soirs sur la Treille ; à dix ans ils ne pouvaient plus se quitter. La sympathie, l'accord des âmes affermit en eux le sentiment qu'avait produit l'habitude. Tous deux, nés tendres et sensibles, n'attendaient que le moment de trouver dans un autre la même disposition, ou plutôt ce moment les attendaient eux-mêmes, et chacun d'eux jeta son c?ur dans le premier qui s'ouvrit pour le recevoir. Le sort, qui semblait contrarier leur passion, ne fit que l'animer. Le jeune amant, ne pouvant obtenir sa maîtresse, se consumait de douleur ; elle lui conseilla de voyager pour l'oublier. Il voyagea sans fruit, et revint plus amoureux que jamais. Il retrouva celle qu'il aimait tendre et fidèle. Après cette épreuve, il ne restait qu'à s'aimer toute la vie, ils le jurèrent, et le ciel bénit leur serment. Gabriel Bernard, frère de ma mère, devint amoureux d'une des s?urs de mon père ; mais elle ne consentit à épouser le frère qu'à condition que son frère épouserait la s?ur. L'amour arrangea tout, et les deux mariages se firent le même jour. Ainsi mon oncle était le mari de ma tante, et leurs enfants furent doublement cousins germains. Il en naquit un de part et d'autre au bout d'une année ; ensuite il fallut encore se séparer. Mon oncle Bernard était ingénieur : il alla servir dans l'Empire et en Hongrie sous le prince Eugène. Il se distingua au siège de la bataille de Belgrade. Mon père, après la naissance de mon frère unique, partit pour Constantinople, où il était appelé, et devint horloger du sérail. Durant son absence, la beauté de ma mère, son esprit, ses talents, lui attirèrent des hommages. M. de la Closure, résident de France, fut des plus empressés à lui en offrir. Il fallait que sa passion fût vive, puisque au bout de trente ans je l'ai vu s'attendrir en me parlant d'elle. Ma mère avait plus que de la vertu pour s'en défendre, elle aimait tendrement son mari ; elle le pressa de revenir : il quitta tt et revint. Je fus le triste fruit de ce retour. Dix mois après, je naquis infirme et malade ; je coûtai la vie à ma mère, et ma naissance fut le premier de mes malheurs. Je n'ai pas su comment mon père supporta cette perte, mais je sais qu'il ne s'en consola jamais. Il croyait la revoir en moi, sans pouvoir oublier que je la lui avais ôtée ; jamais il ne m'embrassa sans que je ne sentisse à ses soupirs, à ses convulsives étreintes, qu'un regret amer se mêlait à ses caresses : elles n'en étaient que plus tendres. Quand il me disait : « Jean-Jacques, parlons de ta mère », je lui disais : « Hé bien, mon père, nous allons donc pleurer » ; et ce seul mot lui tirait déjà les larmes. « Ha ! Disait-il en gémissant ; rends-la-moi, console-moi d'elle, remplis le vide qu'elle a laissé dans mon âme. T'aimerais-je ainsi si tu n'étais que mon fils ? ». Quarante ans après l'avoir perdue, il est mort dans les bras d'une seconde femme, mais le nom de la première a la bouche, et son image au fond du c?ur. Tels furent les auteurs de mes jours. De tous les dons que le ciel leur avait départi, un c?ur sensible est le seul qu'ils me laissèrent, mais il avait fait leur bonheur, et fit tous les malheurs de ma vie.
A. Le couple des parents, exemple inégalable B. Un sentiment implicite et récurrent de culpabilité
Conclusion
Extrait étudié:
Je suis né à Genève en 1712, d'Isaac Rousseau, citoyen, et de Suzanne Bernard, citoyenne. Un bien fort médiocre à partager entre quinze enfants ayant réduit presque à rien la portion de mon père, il n'avait pour subsister que son métier d'horloger, dans lequel il était à la vérité fort habile. Ma mère, fille du ministre Bernard était plus riche ; elle avait de la sagesse et de la beauté ; ce n'était pas sans peine que mon père l'avait obtenue. Leurs amours avaient commencé presque avec leur vie : dès l'âge de huit à neuf ans ils se promenaient ensemble tous les soirs sur la Treille ; à dix ans ils ne pouvaient plus se quitter. La sympathie, l'accord des âmes affermit en eux le sentiment qu'avait produit l'habitude. Tous deux, nés tendres et sensibles, n'attendaient que le moment de trouver dans un autre la même disposition, ou plutôt ce moment les attendaient eux-mêmes, et chacun d'eux jeta son c?ur dans le premier qui s'ouvrit pour le recevoir. Le sort, qui semblait contrarier leur passion, ne fit que l'animer. Le jeune amant, ne pouvant obtenir sa maîtresse, se consumait de douleur ; elle lui conseilla de voyager pour l'oublier. Il voyagea sans fruit, et revint plus amoureux que jamais. Il retrouva celle qu'il aimait tendre et fidèle. Après cette épreuve, il ne restait qu'à s'aimer toute la vie, ils le jurèrent, et le ciel bénit leur serment. Gabriel Bernard, frère de ma mère, devint amoureux d'une des s?urs de mon père ; mais elle ne consentit à épouser le frère qu'à condition que son frère épouserait la s?ur. L'amour arrangea tout, et les deux mariages se firent le même jour. Ainsi mon oncle était le mari de ma tante, et leurs enfants furent doublement cousins germains. Il en naquit un de part et d'autre au bout d'une année ; ensuite il fallut encore se séparer. Mon oncle Bernard était ingénieur : il alla servir dans l'Empire et en Hongrie sous le prince Eugène. Il se distingua au siège de la bataille de Belgrade. Mon père, après la naissance de mon frère unique, partit pour Constantinople, où il était appelé, et devint horloger du sérail. Durant son absence, la beauté de ma mère, son esprit, ses talents, lui attirèrent des hommages. M. de la Closure, résident de France, fut des plus empressés à lui en offrir. Il fallait que sa passion fût vive, puisque au bout de trente ans je l'ai vu s'attendrir en me parlant d'elle. Ma mère avait plus que de la vertu pour s'en défendre, elle aimait tendrement son mari ; elle le pressa de revenir : il quitta tt et revint. Je fus le triste fruit de ce retour. Dix mois après, je naquis infirme et malade ; je coûtai la vie à ma mère, et ma naissance fut le premier de mes malheurs. Je n'ai pas su comment mon père supporta cette perte, mais je sais qu'il ne s'en consola jamais. Il croyait la revoir en moi, sans pouvoir oublier que je la lui avais ôtée ; jamais il ne m'embrassa sans que je ne sentisse à ses soupirs, à ses convulsives étreintes, qu'un regret amer se mêlait à ses caresses : elles n'en étaient que plus tendres. Quand il me disait : « Jean-Jacques, parlons de ta mère », je lui disais : « Hé bien, mon père, nous allons donc pleurer » ; et ce seul mot lui tirait déjà les larmes. « Ha ! Disait-il en gémissant ; rends-la-moi, console-moi d'elle, remplis le vide qu'elle a laissé dans mon âme. T'aimerais-je ainsi si tu n'étais que mon fils ? ». Quarante ans après l'avoir perdue, il est mort dans les bras d'une seconde femme, mais le nom de la première a la bouche, et son image au fond du c?ur. Tels furent les auteurs de mes jours. De tous les dons que le ciel leur avait départi, un c?ur sensible est le seul qu'ils me laissèrent, mais il avait fait leur bonheur, et fit tous les malheurs de ma vie.
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Extraits
[...] De tous les dons que le ciel leur avait départi, un cœur sensible est le seul qu'ils me laissèrent, mais il avait fait leur bonheur, et fit tous les malheurs de ma vie. Jean-Jacques Rousseau (1712 1778) : Ecrivain & philosophe genevois de l'époque des Lumières. Protestant (calviniste) converti au catholicisme. En 1742 se rend à Paris pour y gagner sa vie comme copiste, secrétaire particulier et maître de musique. Se lie avec Diderot et écrit des articles pour l'Encyclopédie sur la musique. Son nouveau système de notation de la musique n'est pas admis par l'Académie. Place ses 5 enfants à l'Hospice des Enfants Trouvés. [...]
[...] Extrait du Préambule des Confessions Pourquoi ? Pour répondre à des attaques incessantes de la part des encyclopédistes (Diderot, d'Alembert ) sur la nature de ses mœurs + paranoïa personnelle qui le conduit à penser être victime d'un complot Début de l'autobiographie avant la naissance, car sa vie et la source de ses malheurs a alors débuté avant. Axes de lecture : Le couple des parents, exemple inégalable II) Un sentiment implicite et récurrent de culpabilité Pour Rousseau, le couple de ses parents est un modèle, un exemple inégalable. [...]
[...] Durant son absence, la beauté de ma mère, son esprit, ses talents, lui attirèrent des hommages. M. de la Closure, résident de France, fut des plus empressés à lui en offrir. Il fallait que sa passion fût vive, puisque au bout de trente ans je l'ai vu s'attendrir en me parlant d'elle. Ma mère avait plus que de la vertu pour s'en défendre, elle aimait tendrement son mari ; elle le pressa de revenir : il quitta tt et revint. [...]
[...] Je n'ai pas su comment mon père supporta cette perte, mais je sais qu'il ne s'en consola jamais. Il croyait la revoir en moi, sans pouvoir oublier que je la lui avais ôtée ; jamais il ne m'embrassa sans que je ne sentisse à ses soupirs, à ses convulsives étreintes, qu'un regret amer se mêlait à ses caresses : elles n'en étaient que plus tendres. Quand il me disait : Jean- Jacques, parlons de ta mère je lui disais : Hé bien, mon père, nous allons donc pleurer ; et ce seul mot lui tirait déjà les larmes. [...]
[...] Gabriel Bernard, frère de ma mère, devint amoureux d'une des sœurs de mon père ; mais elle ne consentit à épouser le frère qu'à condition que son frère épouserait la sœur. L'amour arrangea tout, et les deux mariages se firent le même jour. Ainsi mon oncle était le mari de ma tante, et leurs enfants furent doublement cousins germains. Il en naquit un de part et d'autre au bout d'une année ; ensuite il fallut encore se séparer. Mon oncle Bernard était ingénieur : il alla servir dans l'Empire et en Hongrie sous le prince Eugène. [...]
Les Confessions, pourquoi un tel titre ? Parce que confusément, Rousseau ressentait un sentiment de culpabilité et avait besoin d'avouer une faute. Il choisit le même titre qu'un ouvrage de St Augustin, les Confessions. Mais, la différence réside dans le fait que Rousseau ne recherche pas tant le pardon de Dieu que la compréhension de ses...
1) Que savez-vous de l'auteur des Confessions ? 2) Retracez les étapes de son enfance et de son adolescence telles qu'elles sont racontées dans les deux premiers livres de l'oeuvre. 3) M. et Mlle Lambercier ont toujours agi de façon très juste : c'est ce qui plut à Rousseau. Pourtant, un incident changea cette...