Stendhal nous fait découvrir les sentiments des personnages à travers un portrait croisé. Le premier portrait est celui de Julien qui est dressé à travers le regard séduit de Mme de Rênal (...)
[...] Après l'annonce de Julien sur la raison de sa venue, vient s'ajouter une conversation silencieuse qui va renforcer leurs sentiments naissants : Mme de Rênal resta interdite, ils étaient forts prêts l'un de l'autre à se regarder. Le lecteur comprend que ce jeu de regards est bien plus important que le dialogue. Des émotions s'échangent entre les deux jeunes gens, solidifiant leur passion commune. L'auteur utilise aussi le registre lyrique du bonheur et le champ lexical de l'émotion. Le lecteur perçoit en premier lieu le chagrin que cause l'arrivée du précepteur à Mme de Rênal. [...]
[...] Enfin la dernière émotion est celle du bonheur Mme de Rênal est heureuse de découvrir en Julien le futur précepteur de ses enfants. On observe alors une antithèse entre le sentiment de départ, à savoir la tristesse, et le bonheur éprouvé en fin de texte. Puis l'étude des verbes de perception visuelle nous montre une gradation au fil du texte. On trouve d'abord le verbe apercevoir puis voir et enfin regarder ; l'intensité des regards se fait crescendo, en parallèle avec l'évolution des sentiments ce qui renforce la passion née entre Julien et Mme de Rênal. [...]
[...] Héros de 1830, Julien est aussi le porte-parole et le double de son créateur, qui fait passer à travers son enthousiasme et sa sensibilité une grande part de sa personnalité. Julien est ainsi un Stendhal possible menant cependant une vie plus mouvementée, plus dramatique et plus passionnante que l'auteur. Ce jeune héros représente Stendhal comme il aurait voulu être; Mme de Rênal, quant à elle, est l'idéal féminin de l'auteur, la femme qu'il aurait aimé avoir et dont il aurait voulu être aimé. Tout l'enjeu du texte porte ainsi sur cette rencontre, scène capitale pour la suite et le dénouement du roman. [...]
[...] En lisant cet extrait, le lecteur est également sensible au temps du récit. Le changement de l'imparfait au passé simple marque une coupure dans le récit; le lecteur a ainsi l'impression que le temps est suspendu. Cette idée est renforcée par la phrase : Mme de Rênal s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur. Cet instant débute au moment où elle voit Julien sur le seuil de la porte. Suit alors une description du jeune homme sous le point de vue de Mme de Rênal. [...]
[...] Ce roman d'apprentissage, qui consiste en un récit où le lecteur s'identifie à un héros jeune et sans expérience, est le premier roman à lier de façon si subtile une description de la réalité sociale de son temps dans un récit romanesque. Le Rouge et le Noir est à la fois un roman social, politique, historique et psychologique. Il est ainsi très représentatif de l'idéologie stendhalienne. Dans l'extrait que nous étudions, le jeune héros, Julien Sorel, se présente comme précepteur chez Mme de Rênal. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture