Commentaire de l'incipit du Roman "La Guerre du Feu" de Rosny. Ce roman préhistorique raconte les périples de trois guerriers partis à la recherche du feu, après que leur tribu, les Oulhamr, l'ait perdu lors d'une guerre. Un document idéal pour les révisions du bac.
[...] Enfin, comme pour montrer l 'exemple à la tribu de guerriers que sont les Oulhamr, c'est un combattant redoutable, qui sait recourir aussi bien à l'intimidation Sa face puissante éloignait [les ennemis] l.l0) qu'à l'action armée proprement dite ses dents rouges protégeaient l'homme»,l .12-13). Aussi est-ce un lien extrêmement fort qui l'unit à la tribu. Le texte retentit du deuil qui la frappe à sa perte : le Feu était mort et Il était mort ! interprétés comme des paroles rapportées au style indirect libre, ressemblent aux plaintes des pleureuses accompagnant un défunt important. Aux 1.23 son agonie est racontée par un retour en arrière (ce que montrent les verbes au plus-que-parfait, avait détruit on l'avait vu . [...]
[...] Ce début de roman s'inscrit donc à sa façon dans la tradition épique. Le narrateur, tout en conservant au récit un caractère impersonnel, se laisse fortement impliquer dans les épreuves de ses personnages à, la manière d 'un aède. Comme dans les anciennes épopées, les actions principales qui nous sont montrées sont des combats, dans lesquels les hommes s'affrontent ou affrontent les éléments, et font preuve de qualités qui les élèvent au-dessus de la moyenne de l'humanité. Enfin, plus encore que les hommes, c'est leur allié privilégié, le feu, qui, grandi jusqu'à la divinisation, apparaît comme le personnage épique le plus convaincant dans ce passage. [...]
[...] Le mot est présent dans le titre même de cette Iliade préhistorique, La Guerre du feu, c'est à dire celle que se font les différentes tribus pour la possession du feu. Or, une guerre met aux prises des groupes, non des individus. C'est pourquoi le poète épique a coutume de dénombrer les forces en présence, comme Homère dans le catalogue des vaisseaux Nous en avons un exemple dès le premier paragraphe à propos des gardiens du feu, par les déterminants numéraux employés: «quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour ( 1.4 La première bataille de cette guerre s'est soldée par une défaite des Oulhamr. [...]
[...] à l'ouverture du dernier paragraphe(1 .22). Ce qu'éprouve ici le narrateur est à la fois de la stupeur (jamais, est-il suggéré plus haut, le feu n'avait été perdu depuis les origines de la horde et de la crainte pour ses héros (sans feu, les Oulhamr ont peu de chance de survie). Ailleurs, il s'impose par son point de vue omniscient. Il en sait plus long que les personnages. Quand il mentionne( 1.4 ) la façon dont le feu était conservé avant sa destruction Ils l'élevaient dans trois cages» le complément circonstanciel de temps, depuis les origines de la horde montre qu'il connaît le passé le plus reculé de celle-ci, bien avant que ne soient nés les Oulhamr de l'histoire. [...]
[...] Ce qui l'amenait à se répéter à, remployer de loin en loin les mêmes formules, tant pour ressaisir l'attention de son auditoire que pour avoir des sortes de refrains» mnémotechniques. Ainsi la phrase liminaire Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable» est-elle répétée avec de légères variantes qui l'amplifient, dix-huit lignes plus bas : les Oulhamr fuyaient d épouillés, dans l'a nuit d'automne Par tous ces moyens, le ton du romancier ressemble à celui de l'aède qui se rend proche des combats qu'il «chante» . Mais quels sont les combats auxquels nous avons affaire ici ? C'est d'abord le combat des hommes entre eux, autrement dit la guerre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture