Prendre conscience du temps qui conduit à évoquer la vieillesse, c'est ce que fait Ronsard dans ce sonnet adressé à Hélène. Si elle se reconnaît dans l'image cruelle d'une jeune femme nostalgique, elle comprendra qu'il faut profiter du présent. La vie humaine est aussi brève que celle des roses (...)
[...] Quand vous serez bien vieille Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom, de louange immortelle. Je serai sous la terre et, fantôme sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. [...]
[...] L'expression lors vous n'aurez servante (v.5) a un caractère absolu. Elle signifie toutes les servantes. Ronsard est au cour du dialogue qu'il imagine entre Hélène et ses servantes, et c'est la force de son seul nom qui les tire de leur somnolence Le nom de la gloire L'orgueil du poète ici ne manque pas de finesse puisqu'il envisage sa gloire pour la faire rejaillir sur Hélène : bénissant votre nom de louange immortelle (v.8). Ne pouvant plus célébrer Ronsard mort, la servante transfert son admiration à celle qui lui a inspiré des poèmes, ce qui permet à Ronsard, écrivain de ce texte, de célébrer Hélène. [...]
[...] Ce regret, Ronsard se plait à le faire durer en employant les participes présents chantant et vous émerveillant. Transférés à la servante, les participes présents du second quatrain jouent le même rôle nostalgique : Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant La projection dans le futur aux vers 13 et 14. Le poète lance à Hélène son appel : Vivez si m'en croyez. (v.13-14). Dans ces deux vers, il ne cherche pas à montrer que la beauté actuelle d'Hélène contredit à l'annonce de sa décrépitude : omettant de lui redire qu'elle est belle (adj. [...]
[...] Quand vous serez bien vieille (Sonnet à Hélène) Pierre de Ronsard Les Sonnets pour Hélène (Hélène de Surgères) ont été publiés en 1578. Ce recueil comprend cent onze sonnets et quatre autres poèmes répartis en deux livres. INTRODUCTION Prendre conscience du temps qui conduit à évoquer la vieillesse, c'est ce que fait Ronsard dans ce sonnet adressé à Hélène. Si elle se reconnaît dans l'image cruelle d'une jeune femme nostalgique, elle comprendra qu'il faut profiter du présent. La vie humaine est aussi brève que celle des roses. [...]
[...] A deux reprises, il se plaît à faire envisager à Hélène sa vieillesse : Quand vous serez bien vieille vous serez au foyer une vieille accroupie (v.11) La précision de la scène Au vers les circonstances : "au soir", "à la chandelle", qui permettent d'imaginer la scène ne manquent pas de douceur. En effet, l'heure choisie s'accorde avec l'âge et la chandelle (éclairage réservé aux riches du XVIème siècle) rappellent discrètement l'aisance matérielle d'Hélène. L'évolution vers la familiarité : L'adjectif vieille n'était au vers 1 qu'un attribut d'Hélène et non sa caractéristique essentielle. Au vers 11, Ronsard y substitue le substantif "une vieille" signifiant qu'Hélène n'a plus d'autre qualité que la vieillesse. [...]
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