Explication du 1er sonnet des "Amours" de Ronsard ("Amours de Cassandre") dans l'édition procurée par André Gendre au Livre de poche n°3920). Il s'agit de mettre en lumière les procédés utilisés par le poète pour donner de lui un portrait d'amoureux à la manière de Pétrarque.
[...] Le complément de l'adjectif pronte occupe tout le vers 6. Parce qu'il y a enjambement, cet adjectif qui termine le vers voit son accent métrique atténué. Le but n'est pas de mettre en valeur l'impétuosité de la jeunesse, mais de faire saisir la situation tragique de l'amant. Deux éléments sont alors mis en lumière au vers 6. Le premier est la locution adverbiale en vain, qui, placée devant la césure, laisse entendre que la quête amoureuse ne sera jamais couronnée de succès. [...]
[...] L'imitation et l'émulation sont, en effet, les principes qui gouvernent la création poétique au XVIe siècle. De la même façon que ses devanciers, Ronsard se présente comme un exemple. La structure ascendante du vers syllabes après les 4 premières) est utilisée pour présenter avec ampleur et solennité la victoire d'Amour sur le poète. On observe que le dieu implacable n'est pas nommé. Le lecteur est convié à un spectacle (voir), celui de la déroute totale de l'amant (au sens d'amoureux). [...]
[...] RONSARD, Les Amours [de Cassandre], Sonnet 1 Livre de poche 3920, édition A. Gendre, p. 81-82. SITUATION Le sonnet 1 suit le Vœu initial où, à la manière antique, le poète faisait offrande aux Muses de son cœur et de son livre en mettant l'accent sur la folie que lui fait connaître la beauté qu'il aime. L'accent était mis sur la création poétique. Dans le premier sonnet du recueil, il n'est plus question que de la passion Qui voudra voir comme un Dieu me surmonte, Comme il m'assaut, comme il se fait veinqueur, Comme il renflame et renglace mon cœur Comme il reçoit un honeur de ma honte : Qui voudra voir une jeunesse pronte A suivre en vain l'objet de son malheur, Me viene voir : il verra ma douleur Et la rigueur de l'Archer qui me donte. [...]
[...] La rime suffisante Surmonte / honte est signifiante. Le dieu qui surmonte est au-dessus du poète qui se confond avec ce sentiment. Cette victoire du dieu est en outre marquée par le parallélisme de construction des vers 2-4 : deux verbes d'action indiquent son action destructrice assaut, renflame. Quant au dernier, reçoit, lui aussi placé avant la césure, il le présente comme un triomphateur qui récolte les fruits de sa victoire. B L'ARTISAN DE SON PROPRE MALHEUR Qui voudra voir une jeunesse pronte A suivre en vain l'objet de son malheur, La reprise du premier hémistiche du vers 1 produit un effet de continuité entre les deux quatrains, continuité marquée également par la structure grammaticale : c'est la même phrase qui se prolonge de l'un à l'autre. [...]
[...] fait encore entendre ce même son plaintif. L'enjambement lie la conséquence (douleur) et la cause (rigueur), soulignée donc par les sonorités. Si Cupidon n'est pas directement nommé, la périphrase est on ne peut plus claire. Par rapport au premier vers (un Dieu), il y a précision. Cette présentation met en lumière la dimension guerrière de la divinité de l'amour. Sa victoire sur le poète et les effets ressentis par lui sont expliqués, la fin du poème est aussi préparée. La rime suffisante, onte) produit un effet d'écho avec le premiers vers (surm-onte) : les deux mots ont le même sens. [...]
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