Roméo et Juliette, est une oeuvre tragique écrite par Shakespeare au XVI° siècle. Elle s'apparente à Macbeth selon Yves Bonnefoy et c'est en cela qu'elle peut être définie comme « un drame noyé de brume, taché de sang, traversé de cris d'épouvante. Roméo et Juliette sont le fruit de « la conjuration du hasard des astres et de la sottise des hommes », puisque leurs suicides sonneront, sinon le glas de l'ancienne querelle, l'impossible victoire de l'Amour sur la Haine inhérente aux Hommes. Cependant, même si son destin funeste le rattrape, peut-on penser que Roméo ne soit qu'amour, pureté et noble vertueux ? Le malheur et la détresse frapperaient-ils le Juste ?
Il semble ici intéressant d'étudier le caractère ambivalent du personnage de Roméo, tout d'abord d'apparence mélancolique, puis amoureux passionné pour voir enfin qu'il s'avère peut-être incarner le Mal (...)
[...] C'est d'ailleurs à partir de la rencontre au bal, que les deux amants sont entraînés dans une course haletante qui passionne le spectateur, et cela jusqu'au tombeau. Ainsi, les amants se marient précipitamment, le lendemain de leur rencontre ; même Frère Laurent semble pressé : Venez avec moi et faisons vite 5). Cette hâte perpétuelle est d'ailleurs soulignée par Juliette qui compare l'amour de Roméo à un éclair C'est trop impétueux, irréfléchi, trop soudain / Trop sembmable à l'éclair qui a cessé d'être / Avant qu'on puisse dire : Il brille. [...]
[...] Pacifiste, il résume l'histoire des siens par une lamentation construite en chiasme : Cet amour querelleur ! Cette haine amoureuse ! qui révèle le jeune homme érudit mais déchiré qui sommeille en lui. C'est donc un jeune prince vertueux, amoureux et déchiré par les querelles anciennes qui se présente à nous, dans le premier acte. Cependant, si l'Amour est ce sentiment qui le plonge dans la mélancolie, c'est aussi une passion qui le délivre de sa torpeur. L'Amour lorsqu'il est réciproque, est en effet ce qui le sauve de la folie, du charme (au sens de carmen (lat.), l'enchantement) de Rosaline belle trop sagement Roméo se métamorphose alors en un amoureux passionné, pressé par le temps, qui manie le fer impétueusement. [...]
[...] On pourrait donc supposer que si le mariage de Roméo et Juliette avait été ouvert et non secret, les Montaigu et les Capulet se seraient réunis ! C'est par des mariages en effet que cherchaient à finir, souvent, les antagonismes de l'époque. C'était peut-être à Roméo qu'il revenait d'accomplir avec le meilleur de son être, la confiance, cette grande réconciliation. Il n'en est rien, puisque tel est le vœu de Roméo : Mais je t'en prie, / Consens à nous marier aujourd'hui même [ . [...]
[...] Aussi, avant de mourir Roméo rappelle-t-il son déterminisme lié aux astres : C'est ici / Que je veux mettre en jeu mon repos éternel / Et arracher au joug des étoiles contraires / Ma chair lasse de ce monde . 3). Roméo se dit en effet Jouet de la Fortune (III, mais peut-être se conforte-t-il à agir de la sorte ? Roméo est ensuite ce martyr noir, qui voit dans ses échecs amoureux, les alibis d'un refus du monde. En effet, sa parole n'est qu'un vaste rêve, et son amour pour Rosaline n'est qu'un mirage qui substitue à la pratique de la réalité quotidienne, la forme simplifiée d'une image. [...]
[...] Le destin de Roméo (et de Juliette), semble couru d'avance. Le chœur l'annonce dès le prologue de l'acte puisqu'ils sont présentés comme deux amoureux que détestent les astres ; la fatalité joue contre eux. En effet l'allusion aux étoiles, renvoie certes à la destinée de l'homme mais surtout à la croyance fortement ancrée chez les Elisabéthains, que les activités humaines sont contrôlées par les astres. D'ailleurs, force est de constater que Roméo fait de nombreuses références aux étoiles. Ainsi, lorsqu'il apprend la mort de Juliette, s'écrit-il : C'est ainsi ? [...]
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