Si Juliette et Roméo, les amants de Vérone, sont l'objet d'un mythe intemporel, c'est non seulement grâce à l'impossibilité de leur amour et à leur fin tragique, mais aussi et surtout grâce à la puissance de cette passion, aussi inattendue que profonde, à tel point même que cet amour, sublimé par leur double suicide, semble incompatible avec le prosaïsme de la vie.
Shakespeare illustre d'ailleurs ce fait par la forte présence dans la pièce de la nature et des astres au travers de figures poétiques. La place des objets dans une oeuvre relatant un amour mystique et immatériel pourrait, à première vue, sembler superflue ; mais ces objets ont, en fait, une fonction bien définie (...)
[...] Les masques, en plus de faire office de déguisement et d'enjoliver la scène, rappellent le thème de l'illusion et de l'imagination. La vie est un théâtre disait l'auteur. L'attrait de la mort, de la magie noire et des images morbides se retrouvent également grâce à la potion magique de Frère Laurent destinée à faire passer Juliette pour morte mais aussi dans la première scène de l'acte dans la description de la boutique de l'apothicaire faite par Roméo : Dans sa pauvre boutique pendait l'écaille d'une tortue / Avec un crocodile empaillé et des peaux / De poisson aux formes bizarres ; sur les rayons, / Un sordide ramas de boites vides, / De pots de terre verdâtres, de vessies, de graines moisies, [ ] Contribuant donc à la mise en place d'une ambiance sombre et baroque, les objets servent également aux personnages à consacrer l'amour tout comme ils servent la fatalité. [...]
[...] C'est la fonction du poison et du poignard, ce dernier, transperçant le corps de Juliette, étant une métaphore phallique. Ô poignard, bienvenu, / Ceci est ton fourreau dit Juliette en se donnant la mort. C'est la véritable consommation de leur amour. La découverte du corps des deux amants donnera lieu à la paix civile. Touché par la fidélité de Juliette, Montaigu décide d'ériger une statue d'or en son honneur : symbole de leur passion, cette statue représente la victoire de l'amour sur la haine. [...]
[...] Une nouvelle rixe fait l'objet de la scène pivot de l'œuvre, la scène 1 de l'acte III, mais celle-ci, plus grave, conduira à la mort de deux personnages, Mercutio et Tybalt, tous deux transpercés par une épée. S'ensuivra alors le bannissement de Roméo, l'assassin de Tybalt, la séparation des amants puis leur mort. Celle-ci est également appliquée par des objets : pour Roméo, il s'agit de la fiole de poison achetée à l'apothicaire de Mantoue. Juliette, elle, se tue avec le poignard de son aimé. [...]
[...] La fonction des objets dans Roméo et Juliette Sujet : Quelle est la fonction des objets dans Roméo et Juliette ? Œuvre de référence : Roméo et Juliette de Shakespeare, traduit par Yves Bonnefoy, édition folio classique. Si Juliette et Roméo, les amants de Vérone, sont l'objet d'un mythe intemporel, c'est non seulement grâce à l'impossibilité de leur amour et à leur fin tragique mais aussi, et surtout, grâce à la puissance de cette passion, aussi inattendue que profonde, à tel point même que cet amour, sublimé par leur double suicide, semble incompatible avec le prosaïsme de la vie. [...]
[...] D'une importance primordiale, elle n'arrivera jamais entre les mains de son destinataire qui croira Juliette réellement morte. Instruments sinistres de la mort, les objets sont pourtant, parallèlement, une des façons d'incarner l'amour dans Roméo et Juliette et de lui donner une dimension plus concrète. On le remarque par exemple lorsque, dans la scène 2 de l'acte III, Juliette mande à sa nourrice d'apporter son anneau à Roméo afin que, malgré que ce dernier a tué son cousin, il garde confiance en l'amour qu'elle lui porte. [...]
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