Le romantisme est un mouvement culturel et artistique qui, d'abord apparu en Grande-Bretagne et en Allemagne, s'est répandu ensuite dans le reste de l'Europe à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, et qui est caractérisé par un changement de sensibilité et une rupture par rapport au classicisme et au rationalisme. Dans cette perspective, le romantisme peut se définir comme un courant qui, en réaction contre le classicisme, exalte : la nostalgie/la mélancolie (les états d'âme, le Moi) ; l'imagination ; la révolte.
Jean-Jacques Rousseau, dans les Rêveries du promeneur solitaire, fut l'un des premiers à employer l'adjectif « romantique » qui, emprunté à l'anglais (romantic), qualifiait le côté romanesque, émouvant et pittoresque d'un paysage.
[...] De Quincey). Cette plongée dans les tréfonds de la personnalité s'accompagnait de l'analyse des rêves et d'un intérêt pour l'irrationnel et l'occultisme. Les poètes romantiques britanniques, tels Burns, Blake, Coleridge, Wordsworth, Keats, Shelley et Byron venaient d'horizons très différents, avec des idées politiques souvent fort opposées. En Allemagne, presque tous les auteurs partagèrent la volonté d'un retour aux sources de la culture allemande, fidèles en cela à l'exemple de Herder, et visèrent une poésie universelle progressive (F. Schlegel). Si les romantiques allemands cherchèrent à poétiser le monde, ils ne se limitèrent pas uniquement à leur passé national et s'intéressèrent à la poésie populaire en général. [...]
[...] Celle de Iéna, qui se réclamait de l'idéalisme de Fichte et élabora la doctrine romantique, fut cosmopolite et ouverte à la poésie universelle (Tieck, Novalis et les frères Schlegel). Celle de Heidelberg, avec Brentano, Arnim, Eichendorff et les frères Grimm, se pencha vers la réflexion que vers le réel et tourna au nationalisme culturel. En France, le mouvement romantique fut qu'ailleurs une révolution littéraire qui suivait une révolution politique et s'en réclamait. Ses influences furent d'abord britanniques et allemandes, et Chateaubriand, plus que Madame de Staël, devint son modèle. [...]
[...] Le romantisme français (Lamartine, Hugo, Vigny, Mérimée, Balzac, Stendhal, qui forgea le mot romanticisme Sainte-Beuve, Michelet puis Musset, G. Sand et Nerval) différait de celui des autres pays par l'absence de théorie philosophique, par un sentiment religieux et mystique moins exalté, une imagination moins fantastique et un nationalisme très peu marqué. Il fut plus tourné vers la liberté de l'art (Hugo, Hernani, 1830), l'histoire (Vigny, Cinq Mars ; A. Dumas père, Les Trois Mousquetaires, 1844) et le présent (Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830). [...]
[...] Le trait marquant du romantisme, en Grande-Bretagne, en Allemagne et, plus tard, en France puis dans le reste de l'Europe fut l'institutionnalisation de l'imagination et l'émergence de l'écrivain comme une personne dotée d'une faculté, d'un don particulier ou d'une mission qui le place à part de ses contemporains. En Grande-Bretagne, des écrivains comme Wordsworth et Coleridge cherchèrent à retrouver le sens négligé des choses, face auxquelles ils étaient pris d'un vertige intellectuel. Outre l'intérêt pour le poète Chatterton et les ballades (petit poème) populaires réunies par Thomas Percy, on voua un véritable culte aux textes du barde (poète celte) Ossian, supercherie (tromperie) littéraire de Macpherson, et plus généralement à l'histoire, qui fournit leur matière aux romans de W. Scott. [...]
[...] Bien qu'il se soit manifesté partout sous la forme d'une profonde mutation du sentiment et de l'émotion, le romantisme ne fut pas un mouvement unifié aux dates clairement déterminées, ses temps forts variant selon les pays et les auteurs. Sur le plan intellectuel, il s'opposa au rationalisme et au néoclassicisme des Lumières en développant une esthétique de la liberté qui refusait les règles formelles et les conventions et privilégiait l'expression personnelle. Le sentiment se devait d'être fort, original et authentique. L'attitude typique du romantique était l'individualisme. Quelle que fût sa couleur politique, l'écrivain romantique se présentait comme visionnaire et législateur. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture