Lors de la première présentation, devant le Parlement européen, de l'équipe de commissaires pressentie en juillet 1999, Romano Prodi débutait son discours en mettant l'accent sur l'expérience politique de ses membres, parlant même d'un « gouvernement ».
[...] Il visait notamment à établir une politique commune en matière d'asile et de migration, à mettre en place un espace européen de justice, et à avoir une action extérieure plus forte. Stratégie sur le développement durable, accompagnée de la signature des 15 du protocole de Kyoto en 2002. Prodi attaquait ainsi leur comportement vis-à-vis de la Stratégie de Lisbonne : si les Etats membres ne changent pas de comportement, la stratégie de Lisbonne est menacée Il n'a jamais perdu de vue la politique italienne, et, dès la fin de son mandat à la Commission, il y est retourné, gagnant les élections de 2006 et formant un gouvernement Prodi II. [...]
[...] Et, s'il a effectivement opté pour une position forte, il a toutefois commis de lourdes erreurs de forme : même ceux qui partagent sa vision s'inquiètent des dégâts infligés à leur cause, soit qu'ils jugent qu'une stratégie plus subtile aurait pu être élaborée, ou encore qu'une position collective aurait dû être arrêtée de prime abord. Au fond, c'est la conception de Romano Prodi selon laquelle diriger la Commission est comme diriger un gouvernement qui était fausse. Se croyant un véritable chef de gouvernement, il a ignoré la somme considérable de médiations que la Commission doit mettre en œuvre. [...]
[...] L'objectif sera finalement atteint, au moment où, après deux ans aux affaires, le gouvernement Prodi est renversé en octobre 1998. Prodi fonde alors le Partito Democratico, mouvement politique destiné à rassembler en un seul parti toutes les tendances de gauche, et reste, plus que jamais, au cœur de la politique italienne. C'est à ce moment précis qu'il est appelé à présider la Commission européenne. Entre homme politique et technicien (économiste industriel), ses réalisations, tant à l'IRI qu'à la tête du gouvernement italien, parlent pour lui ; il est l'homme politique qui a fait participer l'Italie à l'aventure de la monnaie unique, ses convictions européennes ne sont donc plus à démontrer. [...]
[...] C'est en effet l'équipe présidentielle qui est censée assurer la communication avec les collègues et le monde extérieur et, qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre, le président Prodi s'est attiré de sévères critiques. Enfin, Prodi lui-même a commis des fautes tactiques et des erreurs de jugement. Ses interventions dans les débats sur la politique ou l'avenir de l'Europe ont souvent été perçues comme déplacées, quand ce n'était pas son intérêt pour la politique de son pays qu'on lui reprochait[6]. Ainsi, par l'idée de faire siéger des commissaires junior et senior, il s'est aliéné la confiance des petits Etats, ceux-là même qui se tournent volontiers vers la Commission. [...]
[...] Par ailleurs, la création de l'euro a été marquée par la prédominance du Conseil de l'Ecofin comme lieu de gestion, tandis que la gouvernance mise en place à Lisbonne introduit la méthode de coordination, dans le but de partager des expériences et de répandre les bonnes pratiques : méthode décentralisée dans la droite ligne du principe de subsidiarité, elle s'oppose clairement à la méthode communautaire, dans laquelle la Commission joue un rôle central. Une deuxième raison de cet échec est donc logiquement à trouver dans les agissements des Etats membres. [...]
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