L'histoire du roman nous invite à considérer le personnage comme une évidence du genre : c'est souvent le héros qui identifie le roman, depuis Don Quichotte jusqu'à Harry Potter, en passant par Manon Lescaut, Madame Bovary et tant d'autres figures qui peuplent l'imaginaire romanesque...
Pourtant, le personnage est d'abord secondaire, selon Aristote, qui considère qu'il est toujours subordonné à l'action ; c'est l'intrigue qui commande le récit, celui qui agit (le personnage apparaît d'abord ainsi) n'intervenant que secondairement. Si le roman devient le règne du personnage, c'est que celui-ci n'est plus seulement un rôle, mais une entité existentielle et psychologique de plus en plus individualisée (...)
[...] Le cours du roman est si bien calculé sur celui de la vie du personnage que nous savons (et redoutons) que l'avancée vers la mort va bientôt nous contraindre à fermer le livre : Pierre Michon écrivait à ce titre le vieux Goriot, le beau Rubempré, la chaude Esther, la gentille Henriette Rastignac [ ] à la fin, ils sont tous morts et [ ] c'est pour cela que nous les aimons II) Le personnage et l'action : Fonction du personnage : Le personnage est aussi un élément essentiel de l'action narrative : il est aussi un rôle dans un système d'actions. Il concourt à la progression de la narration et au développement de l'intrigue. Le personnage est aussi conçu comme une fonction dans le développement de l'intrigue et de l'action narrative. [...]
[...] Ainsi, au début du Père Goriot, la célèbre description de la pension Vauquer aboutit au portrait de madame Vauquer, mais seulement après que le narrateur nous a fait pénétrer d'abord dans le quartier, puis dans la rue, puis dans la maison, dont il décrit d'abord le jardin, puis la cour, puis le premier étage, puis les suivants. L'identité narrative : Elément constitutif du personnage romanesque, le portrait est rarement séparé de l'histoire et de la biographie du personnage. L'identité du personnage de roman, et c'est là une spécificité essentielle, se construit dans le temps. [...]
[...] une représentation fictionnelle : l'invention du personnage par le romancier L'invention du personnage est souvent conçue comme le moment-clé de l'écriture romanesque. Elle peut être pensée comme un enfantement : la correspondance de Flaubert est pleine de notations qui développent cette image. Les romanciers sont nombreux à parler de leur personnage comme s'il était réel, comme si se nouait avec lui une relation de personne à personne. C'est que le personnage est conçu comme la transposition d'une expérience ou d'une personne réelle. [...]
[...] Ainsi on a pu considérer que le personnage d'un roman pouvait être la ville, la foule tout élément non humain. Un modèle actantiel : Importance des travaux Propp à partir des contes russes ; il dégage ainsi 31 fonctions des personnages. Le conte, selon Propp, nous conduirait toujours d'un éloignement à un mariage, au cours d'un cheminement qui fait se succéder un interdit, sa transgression, une épreuve, un combat A la suite des travaux de Propp, Greimas simplifie le modèle initial et propose d'analyser le système des personnages par le biais d'un modèle actantiel ; il s'articule autour de six actants, répartis ainsi : sujet/objet ; destinateur/destinataire ; adjuvant/opposant. [...]
[...] Conclusion : La notion de personnage a priori évidente et naturelle est pourtant fondamentalement complexe. Elle nécessite des analyses qui reposent sur des fondements différents et parfois antinomiques. Elle permet aussi de saisir combien le roman est un genre indéterminé et mouvant ; c'est bien le genre de la complexité et de la diversité. [...]
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