: En 1742, Marivaux fait paraître un roman qui raconte la vie mouvementée de Marianne. Par définition, le roman est le genre de la fiction, du men¬songe. Pourtant Marivaux s'ingénie à nous faire croire que l'histoire qu'il va raconter est vraie : l'autobiographie de Marianne, sous la forme d'une lettre qu'elle aurait écrite à une amie, a été retrouvée, à l'occasion de travaux, « dans l'enfoncement d'un mur». Laclos ne procède pas différemment dans la seconde préface des Liaisons dangeureuses (1782).
A lire les textes A, B et D du corpus, on peut s'interroger : un roman doit-il chercher à faire oublier au lecteur que ses personnages sont fictifs ? Peut-être, en effet, le lecteur attend-il du roman qu'il lui donne l'illusion du réel. Mais nous ne devons pas oublier que le lecteur sait bien que les personnages dont il dévore les aventures sont des mirages. Et la mission du roman n'est-elle pas plutôt d'amener le lecteur, par les pro¬cédés et les trompe-l'oeil qui lui sont propres, à s'interroger sur le réel ? (...)
[...] 2 Les précautions qui semblent garantir la vérité du manuscrit Marianne ne veut pas que son nom soit indiqué (en dehors du passage à commenter) ; elle met en blanc le nom de l'amie à qui elle s'adresse. Le premier narrateur dit avoir changé les noms. Ce narrateur est accompagné de témoins : deux de mes amis qui étaient chez moi 3 Le souci de précision Dans la première partie du texte, les détails (lieu, personnages) donnent l'illusion du réel. II. L'incipit dresse un premier portrait de Marianne II- 1 Une vie mouvementée Première partie du texte : elle prend ensuite le titre de comtesse. [...]
[...] On retrouve dans ces romans la légèreté, l'inventivité, la spontanéité des comédies destinées au théâtre des Italiens. On y lit également une analyse fine des sentiments et des caractères, une représentation à la fois amusée et désabusée de la société. L'incipit de La Vie de Marianne nous donne un avant-goût de l'œuvre. Comment Marivaux nous informe-t-il et nous séduit-il ? En nous donnant tout d'abord l'illusion du réel. Mais cette page permet aussi d'esquisser un premier portrait de Marianne et constitue une invitation à la lecture. [...]
[...] Deuxième partie : le premier paragraphe quelques accidents l'invitation à écrire l'histoire . II- 2 Un destin de femme Première partie du texte : le narrateur reconnaît une écriture de femme : C'est une femme qui raconte sa vie Deuxième partie : nous autres jolies femmes La condition sociale est posée : le titre de comtesse dans le monde II- 3 La spontanéité du personnage On reconnaît en Marianne les héroïnes du théâtre de Marivaux et leur spontanéité. On étudiera la deuxième partie du texte : phrases exclamatives ou interrogatives, apostrophe, absence apparente de composition (la digression vu une jolie femme la revendication de l'oral je la gâterai, si je l'écris»). [...]
[...] L'enchâssement ainsi que la spontanéité du style donnent l'illusion du réel et séduisent un lecteur tenté par les accidents annoncés. Marivaux se propose également de nous donner une image de la société de son temps et de nous faire réfléchir sur ce qui fonde les relations humaines. Témoin de l'esthétique du XVIIIe siècle, cette première page de La Vie de Marianne exprime également, au-delà de sa capacité à proposer une réflexion sur le réel, toute l'inventivité du roman, toute sa liberté, et toute sa puissance d'illusion. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture