Lorsqu'il parcourt un roman, le lecteur a tendance à s'identifier à l'un ou à plusieurs des personnages du récit. Il se reconnaît le plus souvent en un personnage dont le narrateur fait un portrait positif. Toutefois, un lecteur peut-il s'identifier à un personnage dont le romancier lui présente un portrait négatif ? Nous verrons tout d'abord qu'il est possible de s'identifier à un personnage dont le portrait est négatif, en particulier quand celui-ci ressemble au lecteur ou lui permet de rêver. Dans une seconde partie, nous verrons qu'il est néanmoins difficile, voire impossible, de s'identifier à un personnage au portrait négatif si celui-ci est trop péjoratif, ou si le protagoniste est malsain ou immoral (...)
[...] Dans d'autres cas, il est cependant plus difficile de s'identifier à un personnage au portrait négatif. Les difficultés que le lecteur éprouve à se reconnaitre en un personnage au portrait négatif sont souvent dues au portrait lui-même, trop repoussant pour le lecteur, qui ne peut en aucun cas s'identifier à quelqu'un qui ne possède quasiment aucune qualité selon le narrateur. Ainsi, dans Lucien Leuwen, Stendhal nous dresse le portrait de Mademoiselle Bérard, une ancienne dame de compagnie "naturellement méchante, atrabilaire et bavarde", "au nez pointu, au regard faux". [...]
[...] En effet, le lecteur peut se rendre compte de ses défauts à travers un personnage au portrait négatif, dont les travers seraient critiqués par le narrateur. Ainsi, dans Roses à Crédits, Elsa Triolet dresse tout au long du livre le portrait de Martine, qui n'hésitera pas à détourner la clientèle de son ancienne patronne et à faire de nombreux crédits au dépend de son mari. Un lecteur pourrait s'identifier à Martine et avoir des scrupules après avoir fait de la concurrence déloyale à un ami ou contracté de nombreux crédits. [...]
[...] Il est possible qu'un lecteur s'identifie à un personnage dont le romancier fait un portrait négatif. En effet, lorsque le personnage est présenté comme quelqu'un qui a des défauts, physiques ou moraux, ce qui est bien souvent le cas lors d'un portrait négatif, le lecteur s'identifie plus facilement au personnage: il a l'impression que le protagoniste est proche de lui, qu'il lui ressemble, qu'ils ont des points communs. Le personnage au portrait négatif peut parfois même être considéré comme un "antihéros". [...]
[...] Mais prévenir le lecteur de la dangerosité de certains personnages n'est pas le seul intérêt du portrait négatif. Le portrait négatif permet au lecteur d'éprouver de la pitié, de se réconforter, de se rendre compte qu'il y a toujours pire que soi. Ainsi, dans Le Curé de Tours, Honoré de Balzac décrit le portrait de Mademoiselle Gamard, une vieille fille, qui n'est pas vraiment belle, mais qui est gentille et héberge chez elle deux abbés. Le lecteur peut éprouver pour cette femme disgracieuse une compassion certaine, et ne peut que se sentir mieux comparé à elle, qui aurait sûrement pu être plus heureuse si elle avait eu davantage de beauté et de finesse pour pouvoir se marier. [...]
[...] Quand le personnage commet des actes immoraux ou malsains. II] Les intérêts du portrait négatif. Réconforter le lecteur. Permettre au lecteur de se remettre en question. Conclusion. Dissertation : Lorsqu'il parcourt un roman, le lecteur a tendance à s'identifier à l'un ou à plusieurs des personnages du récit. Il se reconnaît le plus souvent en un personnage dont le narrateur fait un portrait positif. Toutefois, un lecteur peut-il s'identifier à un personnage dont le romancier lui présente un portrait négatif ? [...]
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