Dissertation sur le rôle de la poésie. Théophile Gautier affirmait : « il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien » dans la Préface de "Mademoiselle de Maupin" écrit en 1835. La poésie peut-elle servir tout de même à quelque chose ? Quel est le rôle de la poésie ?
[...] Il est vrai que l'art utilitaire, notamment celui qui a été dédié à la propagande n'a jamais été très réussi. L'histoire littéraire a retenu les poètes maudits ou marginaux, comme Villon ou Baudelaire, plutôt que les poètes officiels des régimes en place, instrumentalisés par l'Etat. L'idée que l'art poétique doit avant tout poursuivre un but esthétique est donc partagée par un grand nombre d'auteurs. Le langage poétique n'aurait alors pas d'autre finalité que lui-même, pur, indépendant de la politique, de la morale. L'artiste n'obéirait qu'au culte de la beauté. [...]
[...] la poésie peut-elle servir tout de même à quelque chose ? Théophile Gautier ne le pensait pas. La seule fonction du poète selon lui est de poursuivre un idéal esthétique. Mais existerait-il une nette dichotomie entre des poèmes utiles et laids et les autres, qui seraient inutiles et beaux ? A une conception purement esthétique de la poésie s'opposerait une vision utilitaire du rôle du poète : le choix entre ces deux images extrêmes de la poésie n'est-il par caricatural ? [...]
[...] De même, Liberté de Paul Eluard est un des chefs d'œuvres de la littérature de la Résistance : les anaphores et la brièveté des vers créent une sorte de litanie, et la musique des mots y est primordiale. Inversement, beaucoup de poèmes qui sont considérés avant out comme esthétiques sont eux aussi engagés. Baudelaire dans les Fleurs du mal a remis en cause les repères esthétiques de son époque : la censure qu'il a dû affronter prouve d'ailleurs combien son œuvre semblait dérangeante pour la société d'alors. Pourtant, Baudelaire se réclame de Théophile Gautier et revendique avant tout une poésie esthétique. [...]
[...] D'une part, tout schématisme semble réducteur quand on veut défini le genre poétique. Il y a autant de conceptions de la poésie que des poètes et il n'existe pas de recette préfabriquée pour écrire un bon texte. Certains auteurs se sont illustrés à la fois dans la poésie engagée et dans des textes virtuoses, jouant avant tout avec les formes du langage. Ainsi, Jacques Prévert dans Familiale en décrivant la passivité d'une famille face à la guerre, critique l'immobilisme de la société. [...]
[...] La forme de l'apologue illustre par exemple le plus souvent un précepte moral. Les Fables de La Fontaine les plus connues l'attestent : la Cigale et la Fourmi nous apprend qu'il vaut mieux être prévoyant, La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf nous enseigne la modestie, tandis que le Corbeau et le Renard veulent nous rendre plus méfiants à l'égard des beaux parleurs. La Fontaine reconnaissait donc à la poésie des vertus didactiques : à travers la beauté de ses petits textes incisifs, il cherchait à enseigner à ses lecteurs une forme de sagesse. [...]
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