Article sur les personnages féminins chez Stephen King. A quoi servent ces images féminines ? Quels rôles jouent la fillette, l'adolescente et l'adulte dans les premières oeuvres de l'auteur ?
[...] Elle est à Lewiston, au Central Maine Hospital, chambre 312. Elle a attendu pour y aller que la douleur soit si intense qu'elle ne pouvait même plus se traîner jusqu'à la cuisine pour se faire du café. Parfois, quand il allait la visiter, elle pleurait sans même s'en rendre compte.[6] Nouvelle qui ne contient aucun élément horrifique, ce texte dense exprime toute la douleur d'un fils face à la déchéance et à la maladie de sa mère. Après l'exposition de toutes ces femmes aux frontières de la réalité, la mourante de la chambre 312 nous ramène à l'homme qui se dissimule derrière l'écrivain, à ce Steve que le lecteur oublie de voir derrière Stephen King. [...]
[...] Le prénom même, Sue, sent bon la petite américaine modèle, fille de cette classe moyenne qui est le poumon d'une société où tout est normalement possible. Sauf pour Carrie. Les personnages d'adolescentes ou d'adolescents sont nombreux dans l'œuvre de King, déformation américaine, sans doute, ou désir de retrouver cet âge où tout est possible, où tous les chemins s'ouvrent devant vous. Le roman Christine en ouvre un des plus étranges, en tout cas, puisqu'il met en parallèle l'âme féminine incarnée dans la voiture maudite et les jeunes filles rencontrées tout au long du roman. [...]
[...] Mais pour King, la fillette n'est pas uniquement un modèle de laboratoire, elle est également un autre sujet d'étude pour les garçons de son âge, petite poupée à ausculter comme dans ça, où Beverly, onze ans, nous est présentée à travers le regard de Ben, comme le devenir d'une femme, éveillant en lui les prémices d'un désir sexuel qui ne peut pas encore se dire : Elle descendit d'un pas vif les dernières marches, et Ben la saisit en un instantané amoureux : l'éclat du tissu écossais de sa robe, le jeu de ses cheveux roux dans son dos, son teint de lait, une petite coupure qui se cicatrisait sur son mollet. On est loin de l'enfant paranormal du roman précédemment cité. [...]
[...] Une étude psychocritique nous entraînerait certainement à analyser le couple Stephen-Tabitha King qui, eux aussi, ont dû faire face à ce type de problèmes : désir de devenir écrivain de Steve, alcoolisme, pulsions refoulées, déménagements L'auteur ne s'en cache pas dans ses différentes interviews : il met beaucoup de lui- même dans chacun de ses romans, n'hésitant pas, comme la plupart des écrivains, à s'étudier à travers ses personnages. Autre victime, mais qui le paie dans ses chairs et non pas à travers la destruction de sa famille, Jessie, du roman éponyme. Cette femme, dont le mari exige des jeux sexuels de plus en plus tordus, passe la plus grande partie du roman menottée à un lit. [...]
[...] Plus tard, comme dans cette série de romans de Misery à Dolores Clairborne, ce sont plutôt des adultes qui offrent leurs comportements aux yeux aguerris des différents narrateurs. L'un des premiers personnages intéressant est sans nul doute, Wendy, la femme de Jack dans Shinning. Prisonnière des choix de son mari et du couple qu'elle a mis en place avec lui, elle doit le suivre dans toutes ses errances, de l'alcool à ses tentatives ratées pour devenir écrivain, de son renvoi de son poste d'enseignant jusqu'à la sa place de gardien de l'Overlook hôtel. Wendy n'est finalement qu'une victime offerte sur l'autel de la souffrance. [...]
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