Commentaire composé sur l'Acte I Scène 6 de la pièce de théâtre Le Cid de Corneille, il s'agit du monologue de Don Rodrigue.
[...] Il choisit le suicide car il est incapable de choisir entre son père et Chimène : Je dois à ma maîtresse aussi bien qu'à mon père (v.32). Mais un héros tragique ne peut agir ainsi ; de plus la religion chrétienne interdit le suicide et un tel dénouement est donc exclu. Les infinitifs délibératifs de la stance suivante indique que Rodrigue reconsidère sa décision en s'affirmant davantage (ma répété). Il est désormais proche du seul choix compatible avec son double statut de noble et de héros. [...]
[...] L'un m'anime le cœur l'autre retient mon bras. Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme, Ou de vivre en infâme, Des deux côtés mon mal est infini. ô Dieu, l'étrange peine ! Faut-il laisser un affront impuni ? Faut-il punir le père de Chimène ? Père, maîtresse, honneur, amour Noble et dure contrainte, aimable tyrannie, En partenariat avec www.bacfrancais.com Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire ternie. L'un me rend malheureux, l'autre indigne du jour. Cher et cruel espoir d'une âme généreuse, Mais ensemble amoureuse, Digne ennemi de mon plus grand bonheur Fer qui causes ma peine, M'es-tu donné pour venger mon honneur ? [...]
[...] La prise de décision libératrice (v.47 à 60). Désormais, Rodrigue est capable de faire passer son père avant sa maîtresse ; il exprime non plus sous la forme interrogative mais injonctive ; le premier mot de la dernière stance est éloquent : oui ; En partenariat avec www.bacfrancais.com Rodrigue accepte ce qu'il refusait : il fait le choix que son père et le public attendent de lui et mérite ainsi l'admiration et de la pitié, ce qui est le propre du héros tragique. [...]
[...] N'écoutons plus ce penser suborneur, Qui ne sert qu'à ma peine. Allons, mon bon, sauvons du moins l'honneur Puisqu'après tout il faut perdre Chimène. Oui, mon esprit s'était déçu. Je dois tout à mon père avant qu'à ma maîtresse : Que je meure au combat, ou meure de tristesse, Je rendrai mon sang pur comme je l'ai reçu. Je m'accuse déjà de trop de négligence ; Courons à la vengeance ; Et tout honteux d'avoir tant balancé, Ne soyons plus en peine, Puisqu'aujourd'hui mon père est l'offensé, Si l'offenseur est père de Chimène. [...]
[...] À mon plus doux espoir l'un me rend infidèle, Et l'autre indigne d'elle. Mon mal augmente à le vouloir guérir ; Tout redouble ma peine. Allons, mon âme ; et puisqu'il faut mourir, Mourons du moins sans offenser Chimène. Mourir sans tirer ma raison ! Rechercher un trépas si mortel à ma gloire ! Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison ! Respecter un amour dont mon âme égarée Voit la perte assurée ! [...]
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