Dossier littéraire consacré à Arthur Rimbaud : "Le chemin de l'enfer à l'illumination ou l'expérience spécifique du langage, de la limite de la pensée".
[...] J'ensevelis les morts dans mon ventre. Cris, tambour, danse, danse, danse, danse ! Je ne vois même pas l'heure où, les blancs débarquant, je tomberai au néant. Faim, soif, cris, danse, danse, danse, danse ! [ ] Comme je deviens vieille fille, à manquer du courage d'aimer la mort ! Si Dieu m'accordait le calme céleste, aérien, la prière, - comme les anciens saints. Les saints ! des forts ! les anachorètes, des artistes comme il n'en faut plus ! [...]
[...] L'élégance, la science, la violence ! On nous a promis d'enterrer dans l'ombre l'arbre du bien et du mal, de déporter les honnêtetés tyranniques, afin que nous amenions notre très pur amour. Cela commença par quelques dégoûts et cela finit, - ne pouvant nous saisir sur- le-champ de cette éternité, - cela finit par une débandade de parfums. Rire des enfants, discrétion des esclaves, austérité des vierges, horreur des figues et des objets d'ici, sacrés soyez-vous par le souvenir de cette veille. [...]
[...] Sans doute, du fond de l'enfer, une lumière a-t-elle lui. Le sommeil de Rimbaud, ça a été sa chute son expérience du voleur de feu : il a voulu ravir aux dieux la vérité du langage. Lui qui a été submergé par ses visions, il s'impose en témoin du dessous, de l'ailleurs, en dénonçant ce vous impersonnel et pluriel : vous qui prétendez que des bêtes poussent des sanglots de chagrin, que des malades désespèrent, que des morts rêvent mal Ici encore, il est toujours dans l'exagération, le trop plein, l'ailleurs de l'au-delà. [...]
[...] Le poète doit chercher du nouveau et arriver à l'inconnu. Dans cette lettre du voyant Rimbaud prend donc la succession de Baudelaire, qui écrivait à la fin du Voyage : Nous voulons, tant ce feu, nous brûle le cerveau. Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau ! Enfer ou Ciel ? Rimbaud va choisir l'enfer moral de la vie déréglée, l'enfer spirituel de l'hallucination délibérément cultivée. Il va parcourir un chemin : celui de l'enfer, à l'illumination. [...]
[...] Musset est quatorze fois exécrable pour nous, générations douloureuses et prises de visions, que sa paresse d'ange a insultées! Ô! les contes et les proverbes fadasses! Ô les nuits! Ô Rolla, Ô Namouna, Ô la Coupe! Tout est français, c'est-à-dire haïssable au suprême degré; français, pas parisien! Encore une oeuvre de cet odieux génie qui a inspiré Rabelais, Voltaire, jean La Fontaine,! commenté par M. Taine! Printanier, l'esprit de Musset! Charmant, son amour! En voilà, de la peinture à l'émail, de la poésie solide! On savourera longtemps la poésie française, mais en France. [...]
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