Rimbaud, jeune poète rêveur et provocateur, décide d'exprimer dans son poème "Oraison du soir" ces doux tourments qui l'obsèdent, ces rêves irréalisés, qui le font brûler, lui, passionné plein d'espoirs déçus. C'est donc à travers un sonnet à la forme contraignante, que ce jeune poète à l'écriture rebelle s'illustre pour exprimer librement, dans un style peu conformiste, son mal être. Mais cette ode à l'alcool et au tabac, seuls repères d'un jeune homme au coeur tendre et triste que le désespoir rend dur, est également une critique ironique de la religion, ce substitut du rêve, guidant l'Homme à la vie morale, sèche, et inintéressante vers le divin, au détriment de la déviance (...)
[...] C'est donc un enfant, un ange ; créature spirituelle représentée sous des traits enfantins, trait d'union entre l'Homme et Dieu, elle se caractérise par sa pureté, ses qualités exacerbées. Mais cette facette de sa personnalité est occultée par une épaisse et dure écorce qui recouvre son tendre cœur, pervertit sa personne. B. Ou figure alcoolique agressive, vulgaire et désinvolte ? D'un point de vue extérieur, le poète nous apparaît malsain, plein de vice : Empoignant une chope à forte cannelures c'est un alcoolique, consommateur de bières à outrance, il ne les compte même plus ayant bu trente ou quarante chopes métonymie pour signaler la bière. [...]
[...] Conclusion Rimbaud, protagoniste dans on propre sonnet nous mime la souffrance d'un croyant en proie au rêve, noyant son désespoir dans l'alcool. Ces deux éléments nécessaires à la vie humaine épanouie selon Rimbaud, sont condamnés par l'autorité religieuse. La prière, l'hommage rendu par le personnage ambigu que joue Rimbaud, est alors l'occasion pour le poète de critiquer la religion, le Seigneur et ses disciples, sbires qui essayent d'inculquer, d'imposer leurs principes de vie contraignants aux croyants. Petite oraison du soir prière d'un faux repenti qui se joue du fait religieux, par un hommage insolent et provocateur, significatif du mépris qu'éprouve le poète. [...]
[...] Mais dans son poème, Rimbaud ne se contente pas d'exprimer son aversion pour la religion, il en exprime les raisons en un subtile critique. C. Critique insolente et subtile du fait religieux Dans la peau d'un faux croyant le temps du sonnet, Rimbaud nous transmet l'expérience d'un homme souffrant du mal qu'est le désir. Condamné par l'église en tant que futile tentation humaine, le désir est désavoué au même titre que la boisson. La religion encouragerait les croyants à mener une vie bonne autrement dit sèche, inintéressante et désespérante pour un Rimbaud. [...]
[...] Ses actions, réalisées avec une lenteur désabusée, comme le montre les fréquentes césures su premier tercet, semblent être le fait d'un personnage inconscient, presque robotisé par l ‘alcool consommé à flot, ayant bu trente ou quarante chopes dénué de tout sentiment. Rimbaud est à présent apte, le cœur anesthésié par l'alcool, à enterrer ses rêves irréalisés et irréalisables. Rimbaud ravale ses rêves avec l'alcool englouti, comme pour masquer le goût désagréable du renoncement à l'espoir. Boire semble alors purger le corps, qui rejette sous forme d'urine par un phénomène biologique le rêve brûlant, maladie du cœur. [...]
[...] D'autre part, cette comparaison avec l'aubier témoigne de la multiplicité de ses rêves, qui s'accumulent et rendent de plus en plus gros son cœur à la manière du tronc d'un arbre qui grossit progressivement, au fil du temps, par la superposition des couches de son bois. Son cœur ayant déjà beaucoup vécu, souffert, abîmé par l'accumulation des fientes. B. L'alcool et le tabac : exacerber ou éteindre le feu du rêve ? Le rêve semble ici consubstantiel au tabac et à l'alcool. [...]
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