La guerre franco-allemande éclate en 1870 pour opposer les Français aux Allemands derrière les Prussiens. C'est à cette même période qu'Arthur Rimbaud, jeune poète de 16 ans, compose son recueil Poésies en s'inspirant des champs de bataille et accusant le roi d'être responsable de la mort des hommes. Son éducation catholique donnée par sa mère qui lui impose d'aller à la messe tous les dimanches lui fait aussi porter dans cet ouvrage un regard critique sur la bourgeoisie et la religion. Le mal, poème tiré de ce recueil, décrit une scène de guerre et dénonce le roi et la religion (...)
[...] crachats rouges v.1, écarlates v.3, feu v.4 se rapportent à la couleur rouge et rappellent le sang perdu des batailles. En plus d'être rougeâtre les couleurs sont criardes, tel rouge v.1 et verts v.3 couleurs qui jurent entre elles comme bleu v.2 et feu v.4 qui elles sont accentués par leur position à la rime, pour mettre en avant l'action. Arthur Rimbaud utilise un vocabulaire qui relève de la violence, crachats v.1, mitraille v.1, croulent v.4, épouvantable v.5, broie v.5, ainsi que le champ lexical de la guerre avec mitraille v.1, bataillons v.4, broie v.5, tas fumant v.6, morts v.7 pour évoquer les champs de bataille. [...]
[...] Rimbaud est alors encore jeune quand il l'écrit mais déjà il y met en avant sa révolte. En quoi va-t-il dans ce poème dénoncer la guerre et le profit qu'on en tire ? Tout en décrivant le tableau de la guerre, ce poème porte une satire du roi et de la religion, face à une nature sereine. Ainsi, grâce au tableau de la guerre qu'il nous présente dans les deux premières strophes du poème, Rimbaud va dénoncer les massacres que l'on y trouve, faits qu'il considère comme mal d'après le titre du poème. [...]
[...] Qui [ ] s'endort / Et se réveille, quand des mères [ ] / lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir ! dénonce l'apat du gain, alors que Les mères ramassées [ ] / pleurant s'attristent de la guerre qui leur a pris leurs fils. De plus, nous avions une dominante rouge dans la peinture du combat pour rappeler le sang. Ici au contraire, or v.10 et damassées v.9 confèrent à ces deux tercets une dimension luxueuse. Une antithèse s'installe alors entre le rouge du sang et l'or de la couronne du roi et des églises. [...]
[...] Cette forme de poésie fixe accentue l'effet d'attente présent ici. Aussi, ce poème est construit en une seule phrase dont le premier verbe principal arrive seulement v.9 il est laissant place au suspens dans les deux premiers vers dédiés à la description de la guerre. L'anaphore de la proposition circonstancielle de temps tandis v & 5 prolonge le temps d'attente, effet donné de même avec infini du ciel bleu v.2 qui a cette connotation d'indétermination et de prolongation. Cette attente pendant la description permet au lecteur de prendre conscience de l'horreur de la guerre en s'attardant sur des détails avant de porter une critique directe. [...]
[...] Si la nature est évoquée de façon à ce qu'elle se différencie, c'est pour mettre en avant sa sérénité vis à vis des massacres et du profit qu'on peut en tirer. Elle est placée en tant que spectatrice sans être atteinte par les faits décrit à ses côtés. Ces vers font allusion à tour de rôle au deux tableaux avec pauvres morts v.7 et saintement v.8, pour les placer sur un pied d'égalité et faire dominer la nature. Rimbaud nous a donc présenté une nature sereine face à la situation décrite dans son poème qui malgré la guerre continue de s'imposer pour dénoncer. [...]
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