Arthur Rimbaud nous retrace dans un texte pictural une succession de rencontres et de trouvailles qu'il a fait dans un bois. Présentées comme normales dans une forêt, certaines de celles-ci y sont en réalité étranges, comme l'horloge ou la cathédrale. Le poème se termine sur une note moins agréable que ce qui précède : nous pouvons être chassés du bois.
[...] Nous nous sommes penchés ici sur la séparation entre deux univers : celui de la nature et celui des hommes. Le poète, au départ dans l'univers sylvestre, semble attiré par le monde des hommes. Il en sera cependant chassé, rejeté. Nous avons également pu repérer quelques figures de style apparentes, comme les nombreux paradoxes caractérisant les objets des vers et l'anaphore flagrante, ainsi que figures d'autres moins visibles, comme la périphrase du vers deux et l'hypallage, l'opposition et l'allégorie du vers quatre. [...]
[...] Nous pourrions avancer une troisième hypothèse : cette horloge qui ne sonne pas serait un coucou[2]. De là, la tentation est grande de voir l'oiseau. Cette périphrase paradoxale crée un flou et de l'étonnement dans ce vers mystérieux. Celui-ci semble être une transfiguration de l'oiseau par le poète. Nous pouvons être mal à l'aise devant lui. Ce vers est différent des autres dans le sens où, si nous gardons la troisième hypothèse, il ne peut avoir été formulé par un enfant. Mais nous y reviendrons. [...]
[...] En regardant le texte de plus près, nous pouvons remarquer qu'il est possible de le séparer en deux mondes : celui de la nature, comprenant les quatre premiers vers, et celui des hommes, les trois derniers vers. Ceux-ci ne sont cependant pas si éloignés. Nous pouvons voir facilement que les vers un et trois se rattachent à l'univers sylvestre du poème. Celui-ci peut également comprendre les vers deux et quatre[1]. L'objet du vers deux est une horloge, fabrication humaine. Elle devrait, de facto, se rattacher à l'univers humain. Mais le paradoxe, créé par la subordonnée, rend la classification moins aisée. [...]
[...] Nous pourrions y voir deux figures de style : une allégorie et une hypallage avec le reste du vers. Commençons par l'allégorie : cette cathédrale serait le reflet de la forêt plongeant dans les eaux du lac que le poète observe. Le coté naturel, angoissant de la forêt est occulté pour le caractère grandiose, solennel, humain, voire peut-être mystique et éternel de la cathédrale. Une hypallage peut aussi être vue : les deux subordonnées semblent être inversées. Se serait plutôt la cathédrale qui monte et le lac qui descend. [...]
[...] Les différents vers sont amenés comme différents tableaux par cette anaphore. Nous pouvons aussi voir une certaine désorganisation de la pensée du poète. Il nous décrit les choses au fur et à mesure qu'il les a vues. Ce désordre a quelque chose de la simplicité enfantine. Nous retrouvons également ce coté enfantin dans le ton du poème qui convient bien avec le titre du poème. Ce ton devient cependant plus grave au dernier vers, notamment grâce au on généralisant et à la réalité des verbes avoir faim et avoir soif. [...]
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