Quand Rimbaud écrit Les chercheuses de poux, probablement en 1871, il a déjà entièrement abandonné son envie d'adhérer aux Parnassiens. Il a déjà énoncé ses théories dans la lettre dite du voyant. Il cherche un dérèglement de tous les sens. Ce poème met ainsi en scène une drôle de sensualité (...)
[...] On ne peut donc pas dire avec certitude ce que cache des expressions telles que " essaim blanc " " les cheveux où tombe la rosée " "longs miels végétaux et rosés " Evidemment, le poème n'est pas du tout un récit fantastique. Le côté fantastique est une conséquence du poétique, d'une nouvelle conception de la poésie héritée de Baudelaire. Ainsi, ici, le doute permet de laisser un vide qui autorise le lecteur à apprécier toute la subtilité du poème. La construction rimbaldienne La structure du poème La structure du poème peut être rapprochée d'une certaine esthétique baudelairienne. Ainsi, les deux premiers vers constituent une proposition subordonnée CC de temps. [...]
[...] La réalisation de soi Rimbaud exprime donc, par l'écriture poétique, les relations ambiguës de l'enfant au monde extérieur. L'union au monde est donc fantasmée, c'est pourquoi les sensations sont unies et indifférenciées soupir d'harmonica qui pourrait délirer : le délire est donc tout entier dans l'écriture poétique de Rimbaud. Ce délire, c'est le fantasme de retourner à un état originel, avant le Pêché Originel, dans une perspective chrétienne, dans le ventre de la mère, dans une perspective psychanalytique, ou peut-être même, dans une perspective structuraliste, avant le début de l'Histoire, avant le progrès. [...]
[...] Les chercheuses de poux - Rimbaud Quand le front de l'enfant, plein de rouges tourmentes, Implore l'essaim blanc des rêves indistincts, Il vient près de son lit deux grandes sœurs charmantes Avec de frêles doigts aux ongles argentins. Elles assoient l'enfant devant une croisée Grande ouverte où l'air bleu baigne un fouillis de fleurs, Et dans ses lourds cheveux où tombe la rosée Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs. Il écoute chanter leurs haleines craintives Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés Et qu'interrompt parfois un sifflement, salives Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers. [...]
[...] Rimbaud, lui, est isolé poétiquement. La conscience de son altérité poétique, exprimée notamment dans les nombreux enjambements, ne lui permet pas de s'intégrer à un espace social préfabriqué. Ainsi, la revendication sociale d'altérité se fait aussi sur le plan poétique. Conclusion En conclusion, Les chercheuses de poux ont certes des réminiscences baudelairiennes, mais Rimbaud fait preuve d'une originalité dans le traitement du poème. Il transforme les synesthésies et le fantastique en éléments servant son projet poétique. En effet, son projet est de montrer la rupture avec le monde extérieur, avec les sœurs, pour trouver, dans le malaise, dans la douleur, un bien-être nouveau, issu d'un dérèglement de tous les sens. [...]
[...] La sensualité de l'enfant est brimée par la société. Mais, les fantasmes sont, ici, moins à considérer dans leur potentialité que dans leur force délirante. Le problème de la communion Le conflit de l'enfant L'enfant est comme assis au centre du poème, au centre du monde, au centre de ses sensations. Il est donc normal que le lecteur ressente un certain repli sur sa subjectivité. En plus des nombreuses sensations (expressions de la subjectivité) que nous avons déjà étudiées, il faut noter des expressions comme au vers 2 " implore " qui montre une volonté, ou encore dans la dernière strophe : " monte en lui " ou " se sent ( ) un désir" (avec le pronom réfléchi qui insiste sur la personnalité) La sensualité brimée par le monde extérieure fait replier l'enfant sur sa propre conscience, d'où le délire. [...]
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