Premier Noir à écrire un best-seller, Richard Wright (1908-1960) connut, dès son enfance, la pauvreté et la violence de la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Dès lors, il ne cessa de dénoncer les humiliations imposées à des millions de personnes en raison de la couleur de leur peau. C'est le FBI, qui n'a cessé de traquer pendant trente ans cet écrivain antiraciste, qui considérait Richard Wright comme un « élément subversif »: les rapports le concernant viennent d'être rendus publics. Ils rappellent l'itinéraire de cet écrivain qui fut aussi l'un des premiers militants antiracistes...
[...] Toutes ces années de misère ont marqué Richard Wright pour la vie. Elles lui ont permis de ressentir à jamais une sympathie réelle pour ceux qui souffrent, pour tous les persécutés de la terre. II. Richard Wright et le pouvoir des mots Après avoir travaillé dans un hôtel, dans un cinéma et dans des entreprises d'optique, l'adolescent curieux et avide d'explications rationnelles découvrit l'univers des livres dans une petite bibliothèque locale. Il y lisait tout ce qui lui tombait sous la main, depuis la littérature de gare et les polars médiocres jusqu'aux classiques européens ou américains : Shakespeare, Victor Hugo, Dostoïevski, Edgar Poe, Melville . [...]
[...] Celui-ci adoptait à l'époque une ligne de soutien patriotique à l'effort de guerre du président Franklin D. Roosevelt, devenu par ailleurs l'allié de l'Union soviétique dans la lutte commune contre l'Allemagne nazie et le Japon militariste. En même temps, et toujours au nom de l'unité nationale contre Hitler le Parti communiste américain mettait un bémol à son attitude anti-raciste traditionnelle, décourageant par exemple les actions contre la ségrégation raciale au sein des forces armées. V. Richard Wright et la France En 1947, au lendemain de la seconde guerre mondiale et à la veille de la guerre froide, Richard Wright prend la décision de quitter les Etats- Unis, sans doute lassé par les harcèlements, les persécutions et les humiliations quotidiennes que subissaient d'ordinaire les Noirs en Amérique. [...]
[...] Une enfance difficile où la pauvreté extrême rendait chaque journée très pénible, tandis que la religiosité protestante excessive de son entourage pesait lourdement sur les esprits. Après Natchez, Richard Wright a vécu à Memphis (Tennessee), une région agressivement raciste au début du siècle dernier. La condition des Noirs y avait peu changé depuis la fin officielle de l'esclavage : Des scieries, écrit Richard Wright, des manufactures cotonnières, des camps de bûcherons, des digues en construction, ou encore un marécage, une prison ; des routes aussi, des coups de cafard, des voyages, des accidents et bien entendu les formes les plus diverses de la violence. [...]
[...] Mencken m'a appris, dira Wright, ce qu'on peut faire avec des mots pour tourner en dérision les fausses valeurs et les absurdités qui nous entourent. Il découvre ainsi le pouvoir des mots et s'en servira pour combattre les préjugés. Cette rencontre exaltante l'a incité très tôt à mettre ses idées et ses observations sur papier, ce qu'il a d'abord fait dans de petites revues locales. Très vite, il cherche à fuir le Sud et ses abus racistes, ses discriminations imposées par la loi et ses coutumes héritées du temps de l'esclavage. [...]
[...] En réalité, Richard Wright n'appréciait pas les critiques souvent sectaires, voire doctrinaires, des dirigeants du Parti à l'égard de son roman Un enfant du pays, dont le héros, un jeune Noir du Sud, finit par assassiner, dans un accès de rage incontrôlable, une jeune femme riche et blanche tombée amoureuse de lui. Certains responsables du PC Noirs et Blancs trouvaient que Wright avait tracé là un tableau trop négatif des Noirs américains. Avec une clairvoyance rare à son époque, l'écrivain répondit que telle était, triste et explosive, la réalité sociologique des Etats-Unis. IV. [...]
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