Après la vague du Nouveau Roman, le « soupçon » gangrène toute la littérature française. Dès lors, le retour au récit historique se fera sans concession. Il ne s'agira plus de reconstruire les discours communs de l'Histoire officielle, mais de les éviter et de les contourner. Ces œuvres historiques seront, le plus souvent, des tentatives de restitution, des témoignages transmis, des remémorations reconstituées – voire des silences interprétés.
[...] Divers antibiographismes s'étaient mis en place : objectiviste (Flaubert), poéticien (Valéry), sacrificiel (Blanchot), ludique (Barthes). A partir de Roland Barthes, ce credo sera aussi celui du structuralisme littéraire, avant qu'il ne chante lui-même la palinodie dans son Roland Barthes par Roland Barthes. Comme pour l'autobiographie, un retour à la biographie s'amorce, mais les temps ont changé : la vie, qui est devenue œuvre, se sait désormais texte Le retour en grâce. Du côté du roman historique, le discrédit demeure, pour les autorités littéraires1, et surtout universitaires. Le public, lui, en redemande. [...]
[...] Le retour au récit historique dans la littérature française de la fin du XXème siècle Après la vague du Nouveau Roman, le soupçon gangrène toute la littérature française. Dès lors, le retour au récit historique se fera sans concession. Il ne s'agira plus de reconstruire les discours communs de l'Histoire officielle, mais de les éviter et de les contourner. Ces œuvres historiques seront, le plus souvent, des tentatives de restitution, des témoignages transmis, des remémorations reconstituées voire des silences interprétés. [...]
[...] Or, par définition, l'écriture est mémoire, conservation de traces, défi de la mort. Mais ce qui a changé, c'est le statut du souvenir comme précédemment celui du Je qui n'est plus le matériau de base préalable à l'écriture (ce qui est généralement la règle dans une autobiographie). Le souvenir, dans le sillage d'écrivains comme Georges Perec, Nathalie Sarraute et Claude Simon, est devenu ce contre quoi le récit s'écrit, ce à quoi il s'oppose : c'est encore et toujours une histoire de suspicion. [...]
[...] Le sujet cherche alors à reconstruire l'Histoire dont il est issu, afin sans doute de mieux comprendre sa propre situation. Le travail d'écriture se lit comme un travail d'investigation (creusement de la veine autobiographique) qui permet de remonter le temps de l'Histoire. Cette recherche des origines ne conduit qu'à une seule découverte majeure : le tressage des temps et des récits va sans cesse, et indéfiniment, s'accroissant ; et ce jusqu'à l'obsession. A travers les grands motifs qui ont dessiné l'existence de l'auteur les deux guerres mondiales en particulier des personnages, au travers de situations souvent absurdes, cherchent à comprendre. [...]
[...] L'auteur l'écrit lui-même dans Livret de famille (1977) : Je rêvais de me délivrer d'une mémoire empoisonnée. J'aurais tout donné pour devenir amnésique. Dès lors, l'obsession historique de l'Occupation allemande tourne au règlement de compte avec des origines douloureuses et insurmontées (père juif affairiste, mère artiste en tournée, mort précoce du frère complice, ) : la mémoire se fait pesante, voire encombrante. Si l'Histoire sert, au commencement, de support à une œuvre romanesque, elle devient source de conflit lorsqu'elle vient à croiser et s'entremêler à l'histoire personnelle. [...]
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