« Jamais aucun auteur n'avait osé plonger son scalpel dans le sentiment de la maternité » , écrit Balzac dans son Introduction aux Etudes de m?urs au XIX ème siècle, faisant ainsi référence à différents personnages de la Comédie humaine comme Julie d'Aiglemont, ou plus tard Henriette de Morsauf ou Madame de Beauséant. Balzac, concepteur d'une théorie du comportement féminin, car apte à en comprendre tous les mécanismes, étudia effectivement les divers aspects d'une condition féminine évoluant au sein d'un siècle socialement malade. Dans La Femme de trente ans, il retrace ainsi, de sa plus douce et innocente enfance, jusqu'à sa mort libératrice et expiatoire, la misérable vie de Julie d'Aiglemont, subrepticement usée par les peines et les souffrances. Dans ce drame conjugal caché, Balzac tente ainsi, à travers différents portraits de femme, de nous révéler un personnage aussi équivoque que singulier qui considère le mariage comme une « longue douleur » et glisse peu à peu, au gré de malheurs inconsolés et de souffrances permanentes, dans l'abîme d'une solitude désespérante et mortifère. Il s'agit donc d'analyser la figure féminine de Julie à travers ses âges et personnages en tant qu'elle s'articule autour de plusieurs « identités. » Nous nous intéresserons ainsi à son visage en tant qu'il constitue des signes pouvant faire l'objet d'une lecture et d'une interprétation, nous permettant dès lors d'être éclairé sur l'ambivalence de Julie et de déduire de cette ambiguïté, la nécessité d'une dissimulation : Julie, vivant des amours secrètes, et devant, sans cesse se cacher aux autres, nous soulignerons dès lors l'importance du regard qui tient une place prépondérante puisqu'il constitue, d'un point de vue physiognomonique, la limite même de la dissimulation dans le sens où il est susceptible de démystifier la grimace, le masque Mais nous verrons qu'à force de grimaces, le visage simiesque de Julie, ne témoignant pas seulement de la pluralité du personnage dans l'optique où il est également symptomatique d'une maladie de l'âme, laissera place aux stigmates de la vieillesse, symboles mêmes d'une mort creusant progressivement son lit ...
[...] cit, p 218. BALZAC, op. cit, p 141. BALZAC, op. cit, p 61. BALZAC, op .cit, p 34. BALZAC, op. cit, p 50. BALZAC, op. [...]
[...] Il s'agit de faire bonne figure en s'exécutant à de continuelles grimaces : le mal [ ] rentre dans le monde pour mentir au monde, pour y jouer un rôle ; il connaît dès lors la coulisse où l'on se retire pour calculer, pleurer, plaisanter. Dans cette optique, nous assistons donc à une juxtaposition de figures, à une succession de masques agissant comme autant de signes faisant sens dans un système. Le regard joue ainsi un rôle prépondérant dans l'art de la dissimulation en tant qu'il révèle ce qui est caché, en tant qu'il rend visible l'invisible : l'âme fait sa demeure dans les yeux [ ils reçoivent la partie visible de l'âme et la font passer au dehors. [...]
[...] Julie incarnerait donc, par la figure de la vieillesse, une société malade; de même, sa lente agonie représenterait la senteur cadavérique d'une société qui s'éteint. Ainsi Julie, femme aimante et sincère s'épuise à courir après des ombres dans un univers où tout est hasard, égoïsme et sacrifice des autres et où sa jeunesse se fane dès lors avec ses espérances. Par conséquent, c'est donc bien la société qui contamine l'âme de Julie et la vieillit prématurément: Quoiqu'elle se sentit jeune, la masse de ses jours [ ] lui tombaient sur l'âme, la lui écrasait et la faisait vieille avant le temps Cependant, si Julie incrimine la société en faisant notamment un réquisitoire contre le mariage devant le curé, elle ne se sent pas moins responsable de ses erreurs car, en tant que femme, elle porte en elle le péché originel. [...]
[...] cit, p 218. BALZAC, op. cit, p 218. BALZAC, op. cit, p 218. BALZAC, op. cit, p 217. Arlette MICHEL, Le pathétique balzacien dans La Peau de Chagrin, Histoire des Treize et le Père Goriot, p 241. Michel CROUZET, La poétique de Stendhal, p 159. [...]
[...] BALZAC, op. cit, p 57. BALZAC, op. cit, p 218. BALZAC, op. cit, p 122. BALZAC, op. cit, p 116. BALZAC, op. [...]
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