Les oeuvres contre-utopiques (aussi appelées dystopiques) ont ceci de commun qu'elles dépeignent le fonctionnement d'un monde où l'individu n'est plus que la partie d'une société qui le possède. Ce totalitarisme s'appuie sur divers piliers qu'on retrouve habituellement dans une société, parmi lesquels la religion. Nous pouvons donc nous demander comment le roman contre-utopique utilise le thème de la religion pour l'intégrer au monde où évolue son héros. Nous verrons de quelle façon la contre-utopie tisse un lien entre la religion et la politique pour soumettre la première à la seconde, puis quelle place peut encore avoir la religion de la contre-utopie lorsqu'elle n'est pas étatique (...)
[...] Dans ce dernier, elle est réduite à l'état d'allusions. Le titre est un clin d'œil évident au livre d'Orwell, mais il montre aussi, par la féminisation de la figure du pouvoir, une relative prise de distance avec Big Brother. La religiosité dans l'attitude des humains avec la machine Big Sister est infime: elle apparaît avec l'utilisation de la majuscule il La sentait p.58 de l'éd. Librio), rappelant la désignation de Dieu dans les écrits religieux monothéistes, et aussi par l'amour que lui porte l'un des personnages du roman. [...]
[...] Elle est d'ailleurs officialisée et fait l'objet d'une cérémonie parodique de la messe: on tirait les chaises hors des bureaux pour les grouper au centre du hall, face au télécran afin de préparer les Deux Minutes de la Haine (p.21, chap. 1). Cette ecclésia officielle se combine avec une divinisation du chef d'Etat Big Brother. Celui-ci a l'omnipotence et l'omniscience d'un dieu Big brother is watching you est placardé dans tous les lieux de la ville) et se veut objet d'amour jaloux de tous ses sujets: il faut que vous aimiez Big Brother. [ . ] Vous devez l'aimer ! [...]
[...] La société humaine devient elle-même divine. Aussi, tout le champ lexical de la religion se mêle à celui de la science et de la perfection technique: rendre votre vie divinement raisonnable et précise . En outre, cette société comporte des cérémonies mimétiques de rites religieux. La déclamation par les poètes d'Etat, notamment, a lieu dans un espace nommé le Cube où tous les gradins sont disposés en soixante-six cercles concentriques autour du Bienfaiteur (début note 9). Le narrateur remarque d'ailleurs, au paragraphe suivant, que cette mise en scène est comparable au service religieux des ancêtres. [...]
[...] Chez Bradbury Chez Bradbury cependant, le rôle de la religion est encore plus faible. En effet, le totalitarisme décrit dans Fahrenheit 451 est plus insidieux et moins hiérarchisé ou identifiable que les précédents. Il consiste en partie en une division sociale par les médias (le personnage de Milfred refuse à plusieurs reprises la conversation avec son mari et lui préfère la télévision, qu'elle appelle ma famille et par ce que le chef pompier Beatty appelle les phénomènes de masse (p.82 de l'éd. [...]
[...] Cette dynamique est résumée dans le commentaire de Ferdinand 22: nous tournons nos regards vers les cieux, et les cieux sont vides. Daniel 25,15, p. 413), et est dépeinte comme la responsable de la dégradation de la condition humaine, puisque Daniel 25 et Marie 23 seront insatisfaits de leur vie au point de s'échapper de leur domicile officiel pour rejoindre des communautés de néo-humains supposés sauvages Ce nihilisme insidieux se retrouve indiqué dans des citations comme le néant néantise de Heidegger (Daniel 1,20, p.329) où la tautologie reflète le cercle vicieux du désespoir. [...]
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